Les lycéens protestent contre la surcharge des programmes et le rythme accéléré pour finir les cours dans les délais. L'effervescence gagne du terrain. Après les manifestations spectaculaires enregistrées la semaine dernière et la tension que connaissent plusieurs secteurs de la Fonction publique, le vent de colère touche maintenant les lycéens qui revendiquent de meilleures conditions de scolarité.Des établissements scolaires ont été paralysés dans plusieurs wilayas. Les lycéens d'Alger ont été empêchés hier d'organiser une marche pour exprimer leurs revendications pour l'amélioration de leurs conditions de scolarité. Les élèves ont, par contre, réussi à maintenir la grève entamée au début de la semaine. Un taux de suivi de 70 à 80% a été enregistré dans l'ensemble des établissements du secondaire de la capitale. Dans certaines wilayas, comme à Béjaïa, le taux de suivi a avoisiné les 80%. Les élèves se sont servis de supports technologiques modernes pour exprimer leurs revendications et faire passer leurs messages. Les SMS et les diffusions sur les réseaux sociaux remplacent les supports classiques. Comme dans les années précédentes, la plateforme de revendications des lycéens est semblable à celle brandie l'an dernier : l'allègement du programme pour les élèves de terminale est une des doléances principales des élèves. Aussi un arrêt des cours pour le 5 mai prochain est un souhait exprimé par les lycéens qui se disent «trop lésés par la surcharge des programmes et le rythme accéléré pour finir les cours dans les délais fixés par le ministère de l'Education nationale». La limitation du programme critiquée Ces revendications ont donné lieu à des visions divergentes. Certains les ont qualifiées de légitimes, d'autres se sont montrés catégoriquement contre cette grève.«Ce n'est pas normal de limiter les programmes pour les classes de terminale», a commenté Khaled Ahmed, président de l'Union nationale des associations des parents d'élèves. Il explique, cependant, la réaction de ces élèves par une peur due, selon lui, au retard accusé concernant le recrutement d'enseignants, cette année. A propos de la limitation des cours et leur impact sur le niveau des élèves, ce représentant des parents d'élèves a reconnu que le celui-ci ne cesse de régresser. «Depuis 1982, le bac perd de plus en plus de sa valeur.» M. Khaled a lancé un appel aux parents afin d'être près de leurs enfants en les accompagnant à l'école. Les revendications ne sont pas nouvelles pour Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest). «Depuis 3 ou 4 ans, les élèves de terminale ne cessent de réclamer la limitation des cours», a-t-il rappelé, imputant la responsabilité de ce qui ce passe aujourd'hui au ministère de l'Education. «L'erreur a été commise par le ministère de l'Education qui a cédé devant la rue en revenant sur l'application de l'approche par compétences décidée dans le cadre de la réforme. A partir de cette concession, les élèves sortent chaque année dans la rue», a-t-il conclu. En continuant à faire des concessions, cela se répercutera sur la valeur du bac qui va être l'équivalent d'un certificat de scolarité de troisième année secondaire, d'après ce syndicaliste qui précise que l'allègement des programmes relève de la responsabilité des spécialistes en didactique. La politique de concession est critiquée aussi par Nouar Larbi, secrétaire général du Cnapest. «J'accuse la politique de notre tutelle qui essaie de minimiser l'effet des grèves des enseignants, notamment par le seuil et la réduction des leçons et le taux de réussite», a-t-il reproché. De l'avis de ce syndicaliste, la tutelle ne doit pas céder devant ces revendications mais doit les traiter à long terme par la formation des enseignants. Actuellement, «le ministère de l'Education devrait engager un dialogue direct avec les élèves et leurs parents», a-t-il suggéré. Pour sa part, Idir Achour, chargé de communication du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), bat en brèche l'hypothèse portant sur la manipulation des lycéens. «A chaque fois qu'il y a un mouvement, on parle de manipulation. Les élèves ne sont manipulés que par les conditions sociales et pédagogiques. Si les élèves ne sont pas écoutés, cela risque de dégénérer», a-t-il averti.