Une centaine d'aquarelles et d'huiles sur toile de l'artiste peintre Fawzia Brahimi égayent les cimaises de la galerie Ismaïl Samsom, un espace baptisé au nom du grand plasticien, son oncle maternel, à qui elle rend hommage. Elle nous invite jusqu'au 2 juillet, à explorer du regard sa palette aux senteurs d'antan, une fragrance de femme de laquelle elle s'est nourrie pendant son enfance. La thématique est rythmée au gré des souvenances qu'elle exhale des endroits où la tradition tend à se perdre. Elle la puise du rituel de la femme dans le hammam. Toutes les scènes d'intérieur du bain maure sont revisitées à travers une gestuelle qui se veut voluptueuse. Des élans frénétiques volés au détour d'un univers intime sont exhumés de sa mémoire pour les cajoler de nouveau. Elle nous transporte avec délectation dans l'ambiance d'un patrimoine immatériel, ce rituel initiatique de la nubile qui s'apprête à prendre son envol pour devenir femme. « Je peins la grâce de la femme pour mettre en relief les coutumes qui conditionnaient le rituel du hammam », explique l'artiste qui engonce ses personnages dans une imagerie d'Epinal. L'Algérienne, La pose du henné, L'innocente, Chuchotement, Rana djinak, Les trois sœurs, Le soin du corps, La mariée et son cortège et autres tableaux comme Intimité et La reine du jour sont autant de récits qui évoquent l'atmosphère des lieux dans une sensation, apte à provoquer une rêverie. L'œuvre intitulée La tête haute, qui ressemble à s'y méprendre à une Cléopâtre altière, reste cette merveilleuse composition picturale empreinte d'un dépouillement pathétique. Une noblesse de vérité qui traduit la poésie diffuse des femmes d'Algérie qui ne renseigne pas moins sur sa propension à vouloir faire revivre et revivifier, à sa manière, un décor silencieux chargé de douceur.