Elle a commencé à aimer la peinture en regardant son oncle dessiner et s'est tout de suite éprise des silhouettes. Ismaïl Samsom encourageait sa nièce, même si les moeurs de l'après-guerre de libération ne reconnaissaient aux femmes que le droit d'être femmes et non artistes. Au lycée Frantz-Fanon, son professeur de mathématiques, un certain M.Dupuit, l'oriente quelque peu et la conforte dans ses penchants artistiques. Une inscription à l'Ecole supérieure des Beaux-Arts, qui ne se fait pas sans encombres, la met sur la liste très restreinte de l'effectif féminin de l'Ecole. Près de l'hôpital de Kouba, nous la retrouvons, plus de trente ans après ce bras de fer, dans la galerie «Thevest», un endroit bien singulier, sobre et discret. Loin d'être un centre d'activité exceptionnel, la galerie est une fantaisie de la propriétaire des lieux Mme Khlifi, une amoureuse des arts qui a eu l'idée d'offrir le garage de sa maison aux artistes qui voudraient exposer. Fawzia Brahimi nous ouvre la porte et nous invite dans sa «Nostalgie», trente-deux tableaux, toiles et aquarelles confondues. La femme, sujet principal de son exposition, vient d'un autre âge, celui où cet être velouté s'offrait peu aux regards. La reconstitution artistique d'une époque aussi lointaine et féerique vaut tous les dépaysements. A ce titre, l'exposition se révèle aussi un véritable travail de restitution historique. Dans le temps, nous explique la peintre, la vie en société pour les femme se limitait à deux lieux: le bain et les terrasses. Ces espaces, même s'ils renvoient toujours à une certaine représentation de la femme, se sont élargis. Fawzia Brahimi y revient et reproduit cette magie, aujourd'hui disparue. Audace, l'artiste n'a pas peur du nu noyé au milieu des vapeurs des bain, maures. Des femmes, dans le plus simple des appareils, s'offrent là où la sélection s'opère. En effet, c'est à partir des bains que les futures mariées étaient choisies, une pratique qui, aujourd'hui, en répugne plus d'une. La vie communautaire de la femme, imperméable et secrète, suscitait la convoitise et la curiosité des hommes, intrus bannis. L'artiste, nostalgique d'un âge d'or où la femme était synonyme de bijou, transmet, sans la regretter, une ambiance qui n'a plus lieu d'être. Vous pourrez vous en délecter jusqu'à mercredi prochain avant que l'artiste lève les voiles.