Des ONG, des collectifs de citoyens et autres militants des droits humains sont montés au créneau, ces derniers jours, pour dénoncer cette détention. C'est ce matin que s'ouvrira, au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger, le procès de Mohand Kadi, 23 ans, militant du RAJ, et Moez Benncir, 25 ans, ressortissant tunisien établi en Algérie depuis une année et employé dans une maison d'édition sise à Béjaïa. Ils ont été arrêtés, rappelle-t-on, le 16 avril dernier en marge de la manifestation «anti-4e mandat» organisée par le mouvement Barakat à la place Audin. Mohand et Moez ont été inculpés, officiellement, pour «attroupement non armé portant atteinte à l'ordre public». Ils en sont aujourd'hui à leur 26e jour de détention à la prison Serkadji. Le 4 mai dernier, la chambre d'accusation près le tribunal de Sidi M'hamed avait rejeté la demande de mise en liberté provisoire formulée par la défense. Contacté hier, maître Abdelghani Badi, membre du collectif d'avocats de Mohand Kadi et Moez Benncir, a exhorté les juges à prononcer un non-lieu à l'endroit de ses deux mandants : «Les éléments du dossier établissent clairement que l'accusation d'attroupement illégal est sans aucun fondement. Par conséquent, nous demandons à ce que justice soit faite dans cette affaire et que le tribunal les relaxe.» Depuis l'incarcération de Mohand et son ami tunisien, des appels ont été lancés pour exiger leur libération sans délai. Des ONG, des collectifs de citoyens et autres militants des droits humains sont montés au créneau, ces derniers jours, pour dénoncer cette détention unanimement qualifiée d'«arbitraire». Dans un communiqué rendu public hier, le PST «exige la libération immédiate et inconditionnelle» des deux jeunes et a annoncé la tenue d'un rassemblement de soutien à Mohand et Moez devant le tribunal Abane Ramdane, aujourd'hui à partir de 8h30. Par ailleurs, plusieurs associations algériennes et tunisiennes en France ont publié un communiqué commun, vendredi, pour dénoncer «cet arbitraire caractérisé et ce déni flagrant du droit dont font preuve les autorités algériennes à l'égard des deux jeunes citoyens algérien et tunisien dont le tort est de s'être retrouvés, comme tant d'autres, aux abords de la manifestation de protestation pacifique du mouvement Barakat, à la veille de l'élection présidentielle du 17 avril». Le texte est cosigné par six associations, à savoir le collectif Agir pour le changement et la démocratie en Algérie (ACDA), le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), Massira-Algérie, l'Union de étudiants algériens en France (UEAF), le Comité pour le respect des libertés et des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT) et la Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR). Le communiqué appelle instamment à la libération des deux prévenus et à la «levée des accusations infondées qui pèsent sur eux». Même requête d'Amnesty International qui, dans un communiqué conjoint avec le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme (REMDH) publié vendredi, a plaidé pour la «libération immédiate et sans condition» des deux citoyens «étant donné le caractère arbitraire de leur détention et des chefs d'inculpation qui pèsent sur eux». Un emprisonnement d'autant plus inique que «toutes les autres personnes arrêtées lors de cette manifestation ont été relâchées en fin de journée». Pour conclure, les deux ONG ont invité les autorités algériennes à «abroger le décret du 18 juin 2001 qui interdit les marches pacifiques ou toute forme de manifestation publique à Alger et à instaurer un régime de simple notification pour les manifestations publiques au lieu d'un régime d'autorisation préalable, comme déjà recommandé par le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression».