Malgré la mobilisation de quelques associations de la société civile et l'appel des ONG, la justice algérienne reste inflexible : le parquet du tribunal de Sidi-M'hamed a requis, hier, une peine d'une année de prison ferme à l'encontre des deux jeunes, Mohand Kadi, militant du Rassemblement action jeunesse (RAJ), et Moez Bencir, ressortissant tunisien, arrêtés le 16 avril dernier, en marge d'une manifestation du mouvement Barakat contre le 4e mandat du président Bouteflika. En détention depuis à la prison de Serkadji, à Alger, les deux jeunes ont comparu hier devant le tribunal de Sidi-M'hamed. Ils sont accusés d'attroupement non armé portant atteinte à l'ordre public. "Ce sont des jeunes qui se trouvaient à un café à proximité de la manifestation. Il n'y a pas de délit. Les éléments de délit d'attroupement n'existent pas. Le dossier est vide", a indiqué à Liberté l'un des avocats du collectif de défense, Me Mustapha Bouchachi. "Le plus grave dans tout ça, c'est le mandat de dépôt. C'est très sélectif. Avant l'élection, il y avait bien des manifestations, mais il n'y avait pas eu d'arrestation", relève-t-il. "D'après le dossier, il ne peut y avoir de qualification d'attroupement non armé, ils sont poursuivis injustement", ajoute-t-il, regrettant, comme c'est souvent le cas en pareille circonstance, "l'instrumentalisation" de la justice. "Je suis peiné de voir la justice utilisée dans cette affaire", regrette-t-il. Me Bouchachi, qui a claqué récemment la porte de l'Assemblée pour protester contre son asservissement, a affirmé avoir intercédé auprès de la police pour permettre à des personnes au début empêchées d'assister au procès. Pour sa part, l'association RAJ, membre actif dans la mobilisation et la mise sur pied d'un collectif en faveur de la libération des deux jeunes, a salué "le travail du collectif d'avocats, au nombre de 12, qui a mis à nu l'inconsistance du dossier d'accusation qui confirme le non-fondement du chef d'inculpation". "Le collectif réaffirme le caractère arbitraire de l'arrestation, le 16 avril, de Mohand et de Moez, de leur inculpation et de leur incarcération depuis le 20 avril à Serkadji", précise RAJ dans un communiqué signé par son président, Abdelwahab Fersaoui. Tout en exigeant "la libération inconditionnelle et l'arrêt de toute poursuite à leur encontre", le RAJ appelle les citoyens, les militants, les syndicalistes, les associations et les partis politiques à poursuivre la mobilisation jusqu'à leur libération. Le verdict est fixé pour le 18 mai prochain. "On espère que le juge de siège prononcera l'acquittement", a souhaité Me Bouchachi. K K Nom Adresse email