«Quelle stratégie pour lutter contre la contrebande ?». C'est l'une des plus importantes questions abordées lors de la conférence nationale sur la contrebande ouverte mercredi à Tlemcen, à l'initiative de l'université et du Commandement régional de la Gendarmerie. Lors de ce colloque national intitulé «La contrebande et ses conséquences socioéconomiques néfastes», tous les intervenants s'accordent sur la nécessité de mettre en place tous les moyens pour lutter efficacement contre un phénomène dangereux qui constitue une double menace pour le pays, sur le plan économique et sécuritaire. A ce sujet, les conférenciers universitaires plaident pour l'élaboration d'une stratégie de lutte qui s'articule autour de deux aspects distincts. L'un concernera la lutte contre le trafic des produits prohibés (armes, drogues, alcool) pour lequel la répression demeure le meilleur moyen de lutte tout en la durcissant davantage par la promulgation de nouveaux textes de loi. L'autre s'appliquera à l'exportation frauduleuse des produits alimentaires subventionnés par l'Etat vers les pays voisins. L'on dénombre plus de 400 produits alimentaires ciblés par les contrebandiers. Les statiques de 2013 font état de la saisie de 93 tonnes de produits alimentaires depuis le début de l'année 2014. Les gendarmes en ont récupéré plus d'une dizaine de tonnes. Dans ce contexte, le Dr Kouider Boutaleb de l'université de Tlemcen, dont la communication se rapporte à la problématique de la lutte contre la contrebande de marchandises au Maghreb et la nécessaire prise en compte de la dimension économique, explique que «la différence de prix extrêmement incitatif pour le contrebandier est à l'origine de la prolifération de ce fléau. Il a par, ailleurs, évoqué le taux de chômage très élevé au niveau des zones frontalières, la complicité et la connivence qui ont contribué largement à l'extension de ce phénomène». Pour cet économiste, les préjudices causés à l'économie nationale par la contrebande sont énormes car les produits concernés sont subventionnés par l'Etat. C'est la raison pour laquelle le professeur soutient que «les politiques répressives n'ont pas atteint les résultats escomptés, la preuve la contrebande prospère». Pour l'orateur, «le profit généré par la contrebande explique la dynamique de cette activité illégale. Donc pour lutter contre ce trafic, il faut le rendre moins attractif, d'où la nécessité d'agir sur le mécanisme des prix. Aujourd'hui, si on veut mettre en place des mesures efficaces pour minimiser la contrebande de produits de large consommation, il faut commencer par revoir la politique de subvention qui est l'héritage d'un système économique obsolète». «Certes, en économie de marché, tous les pays subventionnent, mais ils subventionnent la production. En Algérie, nous avons essayé cette forme de subvention à travers des programmes de développement agricole, PNDA, PNDRA… Malheureusement, les résultats escomptés n'ont pas suivi», rappelle l'orateur. Et de s'interroger : «Cette subvention profite-t-elle seulement aux pauvres ?» En 2013, les gendarmes ont saisi plus de 96 tonnes de drogue, 25 tonnes depuis le début de l'année en cours. Au niveau national, la quantité de kif saisie en 2013 est de 130 tonnes. En matière de carburant, les mêmes services ont récupéré près de 470 000 litres, 1 725 092 litres depuis le début de 2014. A l'échelle nationale, les statistiques font état de la saisie de 1 448 511 litres.