Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, effectue depuis jeudi une tournée dans les pays du Sahel, laquelle s'étalera jusqu'à lundi et le mènera successivement en Mauritanie, au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Mission ? Reprendre l'initiative dans la perspective de rechercher les voies et les moyens de stabiliser durablement la région du Sahel. Cette mission s'appuie sur l'expérience de l'Algérie en sa qualité de pays voisin qui connaît mieux que quiconque cette région mais aussi sur son potentiel militaire et économique à même d'aider ces pays à s'en sortir. A souligner que l'opération française «Serval», même si elle a stoppé militairement la «descente» de la nébuleuse terroriste au sud du Mali, n'a pas pu résoudre politiquement le conflit malien. Cette tournée de Ramtane Lamamra, qui s'inscrit dans le prolongement de la réunion interministérielle sur le Sahel, tenue à Alger il y a tout juste un mois, annonce le retour en grâce de la médiation algérienne. Après plusieurs tentatives infructueuses, notamment de la part de la France et du Maroc, il est apparu à tous que l'Algérie est un acteur incontournable dans toute initiative visant à pacifier la sous-région du Sahel. Les Etats-Unis, l'Europe et les Nations unies sont désormais convaincus que l'Algérie est un acteur incontournable compte tenu de ses moyens militaires et financiers qui lui permettent de faire face aux défis sécuritaires et de développement. Indépassable Une telle carte de visite ne pouvait laisser indifférentes les grandes puissances… impuissantes face à la poudrière du Sahel. Le fait est que les hauts responsables américains ne ratent aucune occasion pour souligner le «leadership» et «l'expérience» algériens dans la lutte antiterroriste. On s'en souvient, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait déclaré lors de sa visite en Algérie, qu'il attendait «un peu plus d'engagement de l'Algérie dans la région après la présidentielle». Autrement dit, notre pays est appelé à jouer le gendarme au Sahel mais aussi à mettre la main à la poche, parce qu'au-delà de la menace terroriste, toujours présente, des pays comme le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Burkina Faso ont eux aussi et surtout besoin d'une assistance financière pour faire face aux défis économiques. Ceci est surtout valable au Mali où les Touareg du Nord réclament légitimement leur part du développement, faute de quoi ils divorceront d'avec Bamako. Le chef de la diplomatie algérienne va d'ailleurs assister aujourd'hui aux travaux de la 3e session du Comité bilatéral stratégique algéro-malien sur le Nord, à Bamako. Demain, il enchaînera avec la 2e réunion de haut niveau du groupe des pays voisins, concernés par la préparation et le lancement des pourparlers intermaliens et l'appui à un dialogue «inclusif». A rappeler que le Mali avait demandé à l'Algérie, au terme de la 2e session du Comité bilatéral stratégique de poursuivre ses efforts de «bons offices» en vue de la réunion des conditions permettant le lancement, dans les «meilleurs délais» d'un dialogue intermalien. Une «démarche opérationnelle» a d'ailleurs été adoptée le mois dernier à Alger avec les pays voisins. Les consultations exploratoires engagées par l'Algérie avec les différentes factions maliennes reçues à Alger devraient constituer une plateforme de discussions pour aboutir à ce fameux dialogue inclusif.L'Algérie a donc du pain sur la planche. En plus du fait que le Sahel constitue sa profondeur stratégique, elle devrait aussi justifier son «statut» de pays «riche» et «exportateur net de stabilité» pour reprendre la formule désormais proverbiale de Ramtane Lamamra.