L'expérience des chaînes privées en Algérie a été au centre d'une rencontre organisée, jeudi dernier, à l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine. En effet, à la faveur de l'ouverture du champ médiatique, nous assistons à une floraison de chaînes de télévision dont l'appréciation est mitigée. Le journaliste et non moins membre du Forum international de la presse, Ali Djerri, estime qu'«il est un fait que ces chaînes ont pu nous faire sortir du monopole de la télévision publique qui a été longtemps boudée. Actuellement, le citoyen, même s'il n'est pas satisfait de cet apport, trouve quand même une autre façon de faire dans l'audiovisuel». Cependant, notre interlocuteur ne se fait pas beaucoup d'illusions et prévient au contraire que l'avenir de ces chaînes n'augure rien de bon pour la simple raison qu'elles ont été créées dans une totale opacité, à partir de l'étranger, d'où une problématique de taille : «Peut-on réellement faire un bilan de toute cette activité ?», tient à souligner Ali Djerri, qui exerce comme consultant pour une chaîne privée algérienne. Il va encore plus loin en rappelant le rôle «mesquin» de certaines chaînes lors du dernier scrutin présidentiel. «Les récentes élections ont eu le mérite de révéler l'essence même de certaines chaînes privées qui se sont allègrement fait l'écho du pouvoir. Certaines ont carrément pris la défense d'un candidat au détriment d'un autre», a-t-il déclaré. Et d'expliquer : «Pour ces services, il y a eu un retour d'ascenseur et seul l'argent et certaines promesses de régularisation ont été assurés.» C'est tout dire d'une situation qui ne peut que générer ces piètres résultats, pourtant, comme tenait à nous le rappeler notre vis-à-vis, qui assure qu'actuellement l'Algérie est à la traîne de beaucoup de pays du Moyen-Orient et même d'Afrique du Nord. Intervenant lors de cette rencontre organisée par l'association La presse de demain, en collaboration avec l'université Emir Abdelkader, le docteur Leïla Filali pose un problème de taille : l'opinion publique. Pour elle, ce sont les médias sous toutes leurs formes qui reproduisent fidèlement l'opinion publique par un travail professionnel et plus près de la réalité du citoyen. «Or, ce que nous constatons par le biais de la télévision publique est que l'opinion publique ne reflète nullement la réalité qui est mise en avant sur nos supports médiatiques, dit-elle. Il y a comme un travail à contre-courant qui s'opère et les causes sont à rechercher dans un pouvoir qui maintient une certaine chape de plomb qui le prémunit de toute attaque. Les chaînes ou les journaux qui remplissent le paysage médiatique n'offrent pas à leur tour un moyen pour situer l'opinion publique, tant les intérêts des uns chevauchent les attentes des autres. La confusion l'emporte et l'opinion publique en Algérie se cherche toujours.»