L e tout nouveau ministre de la Culture, M. Djiar, a « convoqué » jeudi dernier ce qui ressemblait à des états généraux de la presse algérienne en conviant à un débat qui se voulait sans exclusive les professionnels de la presse des secteurs public et privé. Bien évidemment, on peut toujours épiloguer sur la représentativité des participants à cette rencontre ! L'intérêt d'un tel forum auquel ont pris part, en plus des éditeurs, des délégués des journalistes, des experts, des cadres du ministère de la Communication, réside dans le fait qu'il s'agit de la première rencontre du genre avec un tel niveau de participation et surtout un ordre du jour aussi ouvert. Les participants ont abordé dans les différents ateliers même des sujets considérés comme tabou, tels que la question de l'ouverture du secteur de l'audiovisuel ou encore la dépénalisation des délits de presse, laquelle constitue une des préoccupations majeures des journalistes avec les séjours de plus en plus fréquents en prison des journalistes condamnés à de lourdes peines comme en a fait tristement les frais Mohamed Benchicou. Les recommandations faites par les participants à l'issue de ces retrouvailles de la presse et qui sont la synthèse des propositions des différents ateliers mis en place et structurés suivant un découpage corporatiste (éditeurs, imprimeurs, journalistes, cadres du ministère, organismes de communication, experts en communication) ont, certes, sérié la nature des problèmes qui freinent le développement du secteur de la communication dans le pays au double plan technologique et des libertés. Mais au-delà du constat dressé lors de cette rencontre, un constat, qui est au demeurant fort bien connu de tous, des autorités politiques comme des hommes des médias, il reste que les avis des participants à cette rencontre restent partagés quant à la prise en charge effective des recommandations issues de ces assises, lesquelles renvoient, dans leur philosophie, à de nouvelles relations entre le pouvoir et la presse et, pour tout dire, à des ruptures systémiques que le pouvoir n'est pas près d'opérer. En effet, quand on parle de libre accès aux sources de l'information, de dépénalisation des délits de presse, d'établissement de relations commerciales assainies dans ce secteur afin qu'un titre n'ait pas à monnayer jusqu'à la servilité sa ligne éditoriale pour accéder à la publicité institutionnelle, on se situe fatalement dans un mouvement dynamique du système de communication et dans la perspective d'un système politique ouvert, démocratique qui reconnaît le pouvoir de la presse en tant qu'instrument de la démocratie et qui n'utilise pas les médias pour une légitimation politique qu'il n'a pu obtenir par les urnes. La presse tout comme les autres attributs qui fondent les systèmes démocratiques ne sont et ne peuvent être que le reflet du système politique en place. Il ne saurait y avoir d'îlot de liberté dans un système cadenassé.