Experts, journalistes, éditeurs et imprimeurs, réunis jeudi à l'initiative du ministère de la Communication, étaient unanimes à affirmer que la dépénalisation des délits de presse, la nécessité d'une nouvelle la loi sur l'information, l'élaboration d'un statut particulier du journaliste, l'accès aux sources d'information, l'ouverture du champ audiovisuel sont les principaux paramètres qui permettent le développement du secteur de la communication en Algérie. Ce sont les plus importantes recommandations auxquelles sont arrivés les cinq ateliers ouverts sous le thème générique de « Société d'information et développement : quel rôle et quel statut pour les médias en Algérie ? ». Pour la première fois, les professionnels des médias privés et publics ont pris part d'une manière large aux travaux, coordonnés par des facilitateurs étrangers à la corporation, ayant parfaitement su maîtriser les débats et les débordements. Pour sortir de la routine des séminaires et des colloques sans suite, le ministère de la Communication a opté pour une méthode de travail moderne, le brainstorming, qui consiste à rassembler un groupe de personnes travaillant dans une activité donnée que l'on met dans une situation d'exprimer librement sans aucune inhibition leurs idées, leurs propositions, sur les thèmes de réflexion. L'objectif est de générer un maximum de suggestions concrètes dans un délai de temps réduit, susceptibles d'être utilisées par les managers ou les décideurs comme repères à la planification d'une action. Lors de ses deux discours, le ministre de la Communication, Hachemi Djiar, s'est engagé à « entreprendre des actions en fonction des priorités et des possibilités », tout en indiquant qu'il reste « partisan d'une approche plutôt pragmatique qui garantisse l'application des lois » en s'interrogeant s'il faut aller vers « une réforme du secteur ou une révolution ». M. Djiar a exprimé sa disponibilité à travailler avec l'ensemble des professionnels des médias « mais dans le respect des prérogatives des uns et des autres ». Dans ce sens, le ministre a annoncé la tenue prochaine de « tête-à-tête » avec les responsables des médias. « C'est sur cette base que nous allons établir notre plan d'action, c'est-à-dire en privilégiant le débat et le dialogue. » Il a exhorté la corporation à « œuvrer ensemble pour consolider les acquis et promouvoir le développement des médias nationaux, aussi bien publics que privés » et à travailler avec son département « dans le respect mutuel et la considération des prérogatives respectives » afin d'identifier les problèmes et faire avancer les choses de manière « conjointe et même solidaire ». « D'abord, parce que la liberté de la presse s'exerce aujourd'hui sur une sorte de terrain vague du fait que la cadre institutionnel de référence souffre de beaucoup de lacunes. Ensuite, l'équilibre de la chaîne logistique est fragile et enfin parce que le chemin qui mène à la démocratie accomplie est long et ardu. Il s'agit d'une affaire de culture et non de loi. » Pour le ministre, il est important de « rétablir la confiance et la sérénité dans les relations entre la profession et ses partenaires dans la mesure où beaucoup de travail, qui requiert la conjugaison des efforts, reste à accomplir ». M. Djiar a fait savoir aux nombreux professionnels des médias qu'il existe « une volonté politique visant à réhabiliter le secteur et c'est dans ce sens qu'il a promis des actions en fonction des priorités et des possibilités ». Des propos bien accueillis par les participants aux ateliers, qui ont estimé avoir ressenti une volonté politique du premier responsable du secteur d'assainir la situation, en notant sa phrase importante : « A partir d'aujourd'hui (jeudi), nous sommes entrés dans une phase de transition. » Ce qui pourrait se traduire par une nouvelle ère pour le secteur, dans le cas où les engagements politiques seraient respectés et concrétisés sur le terrain. Cette préoccupation a été relevée par la grande majorité des professionnels de la communication présents dans les cinq ateliers répartis comme suit : les groupes des experts, des imprimeurs et éditeurs, de journalistes et des éditeurs journalistes, cadres du ministère et établissements de communication. Au moins une centaine de participants auxquels une seule question a été posée : « Quels sont, selon vous, les axes de travail importants ou prioritaires à explorer pour développer le secteur de l'information en Algérie ? », pour enfin sortir avec de nombreuses suggestions qui ont fini par converger, à la fin des travaux, vers des idées-force, retenues comme recommandations. Il s'agit de la nécessité de dépénaliser les délits de presse, d'une nouvelle loi sur l'information, de l'élaboration d'un statut particulier du journaliste, de l'accès aux sources d'information, de l'ouverture du champ audiovisuel, du respect des règles du marché économique et de la redéfinition de la relation entre les pouvoirs publics et les médias étatiques. Des recommandations qui vont, selon le ministre de la Communication, « servir de plan d'action selon les priorités ». En marge des travaux, les directeurs des journaux privés ont pour leur majorité salué l'initiative de cette rencontre qui, selon eux, a permis aux professionnels des médias publics et privés de se réunir, de discuter sans tabous des problèmes de la profession et de proposer des solutions. Ils ont également estimé que le discours du ministre de la Communication est annonciateur d'une nouvelle forme de relation avec les pouvoirs publics, Un vœu qui pourrait se réaliser pour peu que les promesses des politiques soient tenues.