En visite d'inspection, mardi 8 avril, au projet d'une route reliant Triolet à Chevalley, Abdelkader Zoukh, wali d'Alger, répond à une question d'El Khabar, sur la date des relogements des habitants des bidonvilles de la capitale : «Il n'y aura pas de relogement pour ceux qui ne votent pas.» Polémique. Des médias accusent le wali «d'abus de pouvoir», précisant que la demande de ce document n'est pas dans les usages pour constituer le dossier de relogement. «C'est une sorte d'opération de communication éclair bien ciblée», affirme un élu de Oued Koriche. «Le wali d'Alger n'est pas dupe. Il sait que les habitants des bidonvilles sont dans le besoin. C'est d'ailleurs la seule catégorie de demandeurs de logement à qui on a exigé la carte de vote. Ces habitants troqueraient bien volontiers un bulletin de vote contre un toit. Il est clair que l'intention du wali était d'inciter ces derniers à voter pour donner une crédibilité au scrutin», affirme un élu de l'APC de Oued Koriche. Le 15 mai 2014. Re-polémique. L'APC de Dar El Beïda (Alger) affiche un avis aux habitants des bidonvilles dans lequel «il est demandé aux concernés de présenter leurs dossiers aux représentant des comités de quartier, en précisant la nature des documents devant être fournis, dont la copie de la carte de vote,» rapporte El Watan du 19 mai. «Faux !» rétorque l'administration de Abdelkader Zoukh dans un communiqué, «les services de la wilaya d'Alger précisent définitivement (…) que la copie de la carte de vote n'a jamais été exigée dans le dossier de demande de logement social». Or, «les dossiers de relogement contiennent pour la grande majorité d'entre eux une copie de la carte de vote exigée pour la constitution du dossier», affirme l'élu de Oued Koriche. Propos confirmé par une élue de l'APC de Kouba : «Avant la fin des recensements dans les bidonvilles en juillet 2007, les agents d'administration exigeaient sur place la carte de vote, et ce, sans qu'il y ait eu une déclaration officielle de la part de la wilaya d'Alger. Le message est néanmoins bien passé.» A la question de savoir pourquoi la carte de vote a été depuis exigée, l'élue de Kouba répond : «Certaines familles se dispersent dans des bidonvilles pour obtenir plusieurs logements. La carte de vote, qui s'obtient via un certificat de résidence, permet donc d'avoir une traçabilité sur les flux de ces derniers. Cependant, si l'adresse postale se trouve dans une autre commune que celle où se trouve le bidonville dans lequel le concerné vit actuellement, cela ne portera pas préjudice au demandeur.» «Pourquoi exiger la carte de vote dans ce cas ? Le bidonville n'est pas un lieu de résidence, seuls les recensements peuvent permettre d'avoir une traçabilité ?» s'interroge l'élu de Oued Koriche. «La polémique de la carte de vote revient à chaque scrutin. La seule raison crédible est à mon sens l'incitation au vote», ajoute-t-il. Interrogée au lendemain du démenti du wali, l'élue de Kouba «ignore» si la carte de vote sera encore demandée par l'APC de Kouba. Et d'une APC à une autre, la réponse diffère. «Cela s'explique par un manque de communication entre les APC de la wilaya d'Alger, qui ne permet pas d'uniformiser les pratiques administratives. Certains élus font également preuve d'un excès de zèle et demandent à leurs fonctionnaires de maintenir l'exigence de la carte de vote. A l'APC de Oued Koriche, c'était encore le cas après la présidentielle. A présent, les dossiers sont clos, la carte de vote n'est plus exigée et n'aura d'ailleurs aucune importance dans le traitement des dossiers.»