Le Fonds de régulation des recettes (FRR) a atteint, fin mai dernier, 2146 milliards de dinars, soit près de 20 milliards de dollars. Ce Fonds, initialement prévu pour servir à rembourser la dette interne et externe de l'Algérie, servira exceptionnellement à financer une partie des programmes d'équipement et les programmes complémentaires de développement pour les Hauts-Plateaux et le Sud. C'est ce qu'a indiqué hier le ministre des Finances, Mourad Medelci, lors de l'émission « Questions de l'heure » de la Chaîne III de la radio nationale. Le ministre des Finances a indiqué cependant que le recours à l'utilisation d'une partie du FRR, dont la gestion incombe à la Banque d'Algérie, ne doit pas faire baisser ses recettes au-dessous de 10 milliards de dollars. Quant aux réserves de change, le premier argentier du pays a affirmé qu'en l'espace de sept ans, ces derniers qui étaient de 5 milliards de dollars en 1999, ont augmenté de 12 fois pour atteindre, fin juin 2006, 66 milliards de dollars. Le ministre a précisé toutefois que cette « richesse » et cette liquidité « n'ont rien à voir avec la productivité » mais dépendent plutôt de « notre aptitude actuelle à exporter du pétrole ». C'est la raison pour laquelle, M. Medelci est revenu sur la nécessité d'encourager la productivité nationale, et ce, à travers l'amélioration de l'environnement économique et les divers dispositifs juridiques devant entrer prochainement en vigueur. Il citera, entre autres, les mesures prévues par la loi de finances complémentaire de 2006, qui prévoit la réduction de l'Impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS), dont le taux devrait être ramené de 30 à 25%. Cette loi de finances complémentaire prévoit également une enveloppe supplémentaire de 98 milliards de dinars pour l'augmentation des salaires. Cela provoquerait-il une quelconque influence sur le taux d'inflation ? Selon le ministre, « cette augmentation n'entraînera pas une poussée inflationniste qui viendrait en annuler les effets », avant d'ajouter que toute éventuelle inflation sera maîtrisée. La raison en est que « l'économie algérienne était certes marquée par un manque de productivité, ce qui est source d'inflation des prix, mais elle reste caractérisée par une fluidité commerciale totale ». Concernant la réforme bancaire, le ministre des Finances est revenu également sur la mise en œuvre du nouveau système de paiement, qui aura selon lui « des incidences positives sur le règlement des chèques et des virements, mais aussi sur l'ensemble du système de gestion des banques ». Une plus grande transparence et une plus grande sécurité pour les banques et pour les clients seront assurées grâce à ce système, a encore affirmé le ministre. A la question de savoir où en est le processus de privatisation des banques publiques, M. Medelci a indiqué que l'avis d'appel d'offres pour l'ouverture du capital du CPA sera prochainement lancé, puisque le cahier des charges est maintenant élaboré. Le ministre a estimé à ce propos que la part du privé dans l'activité bancaire passerait de 20% actuellement à plus de 30% avec la privatisation du CPA et aux alentours de 40% avec l'ouverture probable du capital de la Banque de développement local (BDL). Tout en soulignant que les autorités publiques « ont décidé de transcender le traumatisme El Khalifa Bank », le ministre des Finances a indiqué que beaucoup de banques étrangères de nationalités diverses, notamment arabe, s'intéressent aujourd'hui au marché financier algérien et que certaines parmi elles ont formulé des demandes d'agrément. Interrogé, par ailleurs, sur le processus de lutte contre le blanchiment d'argent, la corruption et le financement du terrorisme, il a rappelé l'existence d'instruments de contrôle très particuliers qui permettent aujourd'hui de prévenir et de traiter les cas de blanchiment d'argent. « A partir de septembre 2006, les opérations commerciales, dont le montant sera supérieur à 50 000 DA, se feront obligatoirement par chèque et virement bancaires », a rappelé le ministre.