Se mesurer à Macbeth n'est pas chose aisée. Le metteur en scène, Djamel Guermi, en était conscient. Il a ainsi pris son temps et mis tout son talent pour tenter de tester le Théâtre régional de Skikda et ses comédiens dans les standards universels. Le pari n'était pas facile, disons même risqué, car Macbeth, en tant que texte, est déjà une complication… cérébrale. Refusant certainement les stéréotypes dramatiques, Guermi a osé habiller la pièce de Shakespeare d'atours scéniques, assez réussis, garantissant de la sorte sa quête de cette «forja» devenue partie prenante de la dramaturgie contemporaine. Guerni, et même s'il s'est fait un point d'honneur à préserver le texte shakespearien, a agréablement imagé l'espace scénique en usant de la sobriété qui sied bien au texte, sans omettre de l'auréoler d'une touche spectaculaire qui n'a aucunement dénaturé l'ensemble. Bien au contraire, elle n'a fait que le porter. Ce que confirme Dr Ahmed Nouar, un des hommes de théâtre locaux en déclarant : «Monter Macbeth sur nos planches est déjà un défi en soi, et d'après ce que je viens de voir, je peux vous dire que ce défi a bien été relevé. La pièce est une réussite, que ce soit du point de vue mise en scène ou du jeu des comédiens.» Même avis, ou presque, chez Abdelmalek Benkhalef, enseignant à l'université de Skikda et travaillant actuellement sur une thèse de doctorat en théâtre : «Le metteur en scène a réussi à nous montrer une atmosphère où les trois clés de l'architecture shakespearienne ont été présentes, à savoir la sorcellerie, les fantômes et la lutte du pouvoir. Il a réussi surtout à nous gratifier d'éléments visuels et d'une plastique qui, à mon sens, reste un délice. On sent à travers cette œuvre que Guerni est un méticuleux de la chose théâtrale et c'est tant mieux.» M. Benkhellaf mettra juste un bémol en remarquant «un manque d'humanisme dans l'interprétation de certains comédiens et aussi quelques flottements dans l'identification de certains personnages. Ce sont peut-être des manques propres aux générales et dus au stress», conclut-il.