Au soir de son élection, Petro Porochenko, deux fois ministre de précédents gouvernements, n'avait pas attendu les résultats officiels pour détailler les premières mesures qu'il prendra en tant que chef de l'Etat : «ramener la paix en Ukraine» et convoquer, dès cette année, des élections législatives anticipées. A ce propos, il a annoncé hier qu'il poursuivrait l'opération militaire contre les insurgés pro-russes pour les empêcher de transformer l'est du pays en «Somalie». Dans les faits, un travail titanesque attend le futur Président qui devra aussi gérer la quasi-faillite de l'économie ukrainienne, ainsi que des réformes économiques impopulaires imposées en échange de l'aide de 27 milliards de dollars consentie par le FMI, la Banque mondiale et l'Union européenne. M. Porochenko a, en outre, indiqué souhaiter conserver à son poste le Premier ministre par intérim, Arseni Iatseniouk, qui dirige depuis le 27 février le gouvernement. Le cinquième président de l'Ukraine indépendante devra également négocier avec la Russie sur la dette gazière que son pays a contractée auprès d'elle, un dossier qui inquiète les Européens, tributaires du gaz russe. M. Porochenko a, signale-t-on, largement devancé l'égérie de la révolution Orange de 2004, Ioulia Timochenko, qui n'a recueilli que 13% des voix. Le scrutin, soutenu par les Occidentaux, s'est déroulé après six mois d'une crise politique sans précédent, marquée par la sanglante répression du mouvement pro-européen de contestation de Maïdan, le rattachement express de la Crimée à la Russie et l'insurrection armée pro-russe qui a pratiquement coupé l'Est russophone du reste de l'Ukraine.