Le milliardaire pro-occidental, Petro Porochenko, est donné archi-favori du scrutin présidentiel en Ukraine d'aujourd'hui Le président russe Vladimir Poutine, a esquissé un geste d'apaisement en annonçant qu'il respecterait le «choix du peuple ukrainien» et travaillerait avec le chef de l'Etat élu. Les autorités ukrainiennes se préparaient à une présidentielle aujourd'hui perturbée par les séparatistes russophones dans l'Est, après une campagne marquée par des combats entre insurgés et soldats ukrainiens qui ont fait plus de 150 morts, faisant craindre une partition du pays. Dans un appel aux Ukrainiens, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a appelé les électeurs à se rendre en masse aux urnes pour «défendre l'Ukraine». «Ce sera l'expression de la volonté des Ukrainiens de l'Ouest, de l'Est, du Nord et du Sud», a-t-il martelé. La veille, le président russe Vladimir Poutine, dont la gestion de la crise avec l'Ukraine dans la foulée du dossier syrien a consacré le retour de la Russie sur le devant de la scène internationale, a esquissé un geste d'apaisement en annonçant qu'il respecterait le «choix du peuple ukrainien» et travaillerait avec le chef de l'Etat élu. Ses propos ont été accueillis avec prudence par la Maison Blanche qui attend un «signe» plus tangible du Kremlin. Sur le «front de l'est», les affrontements ont connu une relative accalmie après deux jours de violents combats dans la région de Donetsk qui ont fait au moins 26 morts, dont 19 jeudi dans les rangs de l'armée ukrainienne. Celle-ci a essuyé ce jour-là ses pires pertes depuis le début de l'opération «antiterroriste» le 13 avril. La ville de Slaviansk, bastion des insurgés russophones, a également connu des combats tôt hier matin à la veille du scrutin, dont l'objectif est de mettre fin à six mois d'une crise politique qui a plongé ce pays au bord de la guerre civile et de la partition et a déclenché la pire crise diplomatique entre Russes et Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide. Dans la région de Donetsk, qui a proclamé sa souveraineté après un référendum d'indépendance, la présidentielle devrait être plus que compliquée entre peur des électeurs d'aller voter, commissions électorales locales sous le contrôle des séparatistes ou tout simplement parce que les urnes et les bulletins de vote n'ont pas pu arriver jusqu'à tous les bureaux de vote. Dans une école du centre de Donetsk, aucun signe d'urnes. «Nous accueillons d'habitude les élections, mais cette fois il semblerait qu'il n'y aura rien», regrette Olga, chargé de ce bureau de vote. Les séparatistes ont multiplié les actions pour empêcher la tenue du scrutin: plusieurs commissions électorales ont été prises d'assaut par des hommes armés et des responsables électoraux ont été kidnappés. Au total, 20 commissions locales électorales sur 34 dans les régions de Donetsk et de Lougansk sont contrôlées par les séparatistes et le scrutin ne devrait pas pouvoir s'y dérouler. «Nous aurons recours à la force» pour empêcher le déroulement du scrutin, a prévenu le leader de la «République populaire de Donetsk», Denis Pouchiline. Dans le reste du pays, de la nationaliste Lviv à l'ouest, à Odessa, endeuillé par la mort de plus de 40 personnes, principalement russophones, dans l'incendie d'un bâtiment, les électeurs devraient se rendre en masse aux urnes. Le favori du scrutin, le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko a assuré le service minimum tout au long de la campagne mais est crédité de plus de 44% des intentions de vote. Ses principaux rivaux, l'égérie de la révolution pro-occidentale en 2004 Ioulia Timochenko et le Russophone Serguiï Tiguipko, ont participé vendredi soir aux derniers débats télévisés, la première prônant un référendum sur une adhésion à l'Otan pour faire face à la «guerre non déclarée» russe et le deuxième une normalisation des relations économiques avec la Russie. Pour la présidentielle, au cours de laquelle 36 millions d'électeurs sont appelés à voter, Kiev a déployé 55.000 policiers et 20.000 volontaires.