Sergio Silva Cajahuaringa est un artiste péruvien qui, à travers ses œuvres, exprime un processus de création depuis un point de vue surréaliste abstrait. Un point de vue qui se penche particulièrement sur la destruction des restes archéologiques de son pays. Sergio Silva Cajahuaringa a récemment participé à l'exposition « Regard sur la peinture péruvienne contemporaine », au Bastion 23, avec plusieurs artistes de son pays. Depuis mercredi dernier, quelques-unes de ses œuvres sont accrochées à la galerie Espace Top Action dans le cadre de la 5e Exposition Rencontre internationale. Vous venez de participer à deux expositions en Algérie, quel est votre sentiment ? Pour moi, c'est très intéressant de connaître une grande culture. C'est la première fois que je viens en Algérie, mais pas en terre d'Afrique, j'ai déjà exposé en Egypte et au Maroc. Je suis très surpris par les faveurs du public qui est venu nombreux aux deux expositions et par les commentaires positifs des artistes algériens que j'ai rencontrés. Pour moi, c'est une bonne chose de venir en Algérie, cela me permet de m'ouvrir à d'autres cultures. Au Pérou, on n'a pas beaucoup d'artistes qui ont cette chance. C'est très important parce que les voyages que j'ai fais m'on permis d'évoluer et de nourrir ma peinture. Surtout pour ce qui est de la sculpture… La thématique de vos œuvres tourne autour de la destruction des restes archéologiques, faites-vous dans le militantisme ? Je fais du militantisme tacite. Pour mon travail, je m'inspire de deux sources principales : une lecture en référence à l'archéologie péruvienne et aux visites que j'ai effectuées dans les principaux sites de mon pays. Pourtant, dans vos peintures, on ne voit pas le lien avec les restes archéologiques… Quand j'ai commencé avec cette thématique, les éléments étaient plus évidents. Avec le temps j'ai simplifié. Depuis peu, j'ai tendance à aller vers l'écologie : l'eau, la terre, l'atmosphère, les métaux… Ceux-ci sont les éléments les plus travaillés par les Incas ; juste après, ce sont les pierres. Dessus, je fais des iconographies, des figures anthropomorphiques. La présence de l'être humain dans la nature est quelque chose d'important : l'homme participe dans le changement transcendantal de la nature, tel est un peu le contexte de mon travail. Vos œuvres sont de l'ordre du surréalisme abstrait, que faites-vous d'autre à part la peinture ? Je fais de la sculpture, de l'aquarelle et depuis quelques années, je travaille beaucoup sur ordinateur, surtout pour ce qui est du design. Dans mon travail, j'utilise plusieurs techniques et matériaux, notamment les acides dans la peinture à l'huile, les tissus et des éléments archéologiques, bien sûr. Parlez-nous de l'art contemporain péruvien… Sa particularité est que les jeunes artistes d'aujourd'hui utilisent la représentation indigente de la peinture. Et à partir de là, ils évoluent dans différentes voies (art cubiste, impressionnisme, surréalisme, art naïf, pop art…) Dans l'art moderne péruvien, il y a une partie simplifiée qu'on peut trouver dans la peinture. Que pensez-vous des œuvres des artistes algériens que vous avez vues ? J'ai apprécié de visualiser comment les artistes voient leur pays du point de vue technique, mais aussi de par le développement culturel. Mais ce qui compte pour moi, c'est d'avoir rencontré quelques-uns d'entre eux. Nous partageons les mêmes sentiments et le même amour pour l'art. Jeudi dernier j'ai visité le musée des arts islamiques à Alger, j'ai découvert qu'il y avait beaucoup de similitudes entre nos deux pays à travers les symboles, les signes et les iconographies. Ceux qui ont vu mes œuvres m'ont d'ailleurs fait la même remarque. Je remercie ce continent, j'ai la chance de connaître un peu sa culture et son art. Je souhaite vraiment que les artistes algériens et africains en général puissent nous rendre visite pour connaître notre culture et pour faire un travail en commun. Comment peut-on vous qualifier, artiste écologiste, artiste de l'histoire ? L'histoire c'est le passé, l'écologie c'est notre avenir. Je me considère plutôt comme un artiste qui veut représenter la nature et l'être humain, avec un aspect plus intellectuel, l'homme étant un facteur de changement important. Dans certains de mes travaux, j'ai introduis des formes géométriques pour signifier l'évidence de l'intelligence humaine.