Repeuplement des zones rurales désertées, tel est le thème central de la réunion organisée, hier, au siège de la wilaya de Chlef en présence des walis de Chlef, de Relizane, de Aïn Defla et de Tissemsilt et de leurs directeurs de l'exécutif concernés. Dans son allocution d'ouverture, le wali de Chlef a précisé que cette rencontre fait suite à une initiative concertée qui a été prise lors de la réunion gouvernement-walis, tenue récemment à Alger. L'ordre du jour consistait, d'après lui, à réfléchir sur les meilleurs moyens à mettre en œuvre pour inciter les populations victimes de l'exode forcé à retourner dans leurs douars respectifs. Les présents ont reconnu à l'unanimité que leurs régions respectives ont beaucoup souffert du terrorisme et de ses conséquences dramatiques sur le plan socioéconomique. Pour la seule wilaya de Chlef, il est fait état de pas moins de 15 000 bidonvilles dont les occupants avaient, pour la plupart, fui leurs localités d'origine durant la décennie noire. Certains sont issus des zones montagneuses de la wilaya, d'autres des régions limitrophes de Tissemsilt et de Relizane. Les autres wilayas semblent confrontées à ce phénomène dans la mesure où elles font partie du même ensemble géographique qui a payé un lourd tribut au terrorisme, faut-il le rappeler. Le wali de Relizane a parlé d'une « véritable calamité » qui nécessite, d'après lui, des mesures exceptionnelles et un plan d'urgence doté des moyens adéquats. A ses yeux, la politique de développement rurale menée jusque-là a montré ses limites et « il faut aller vers une nouvelle démarche qui tranche avec l'ancien système et offre les meilleures conditions de réussite à cette opération ». « Ce n'est pas avec une dizaine de poules et de caprins que l'on pourra fixer les villageois ou encourager d'autres à venir s'installer dans leur ancienne localité », dira-t-il tout en évoquant les insuffisances des différents programmes de développement rural. Ses collègues de Tissemsilt et de Aïn Defla abondent dans le même sens en insistant sur la mise en place d'une stratégie efficace et adaptée à la situation sur le terrain pour inciter davantage les exilés à regagner leurs douars d'origine. Ils préconisent des mesures incitatives et un plan spécial pour assurer le résultat escompté à l'action de repeuplement des régions abandonnées, comme l'assouplissement des mesures d'octroi des aides financières et la construction d'habitat rural regroupé avec toutes les conditions d'une vie décente. « On doit faire comme pour le logement social, c'est-à-dire réaliser des ensembles d'habitation clés en main et éviter ainsi aux bénéficiaires les tracasseries d'ordre financier et autres », a indiqué à ce propos le wali de Aïn Defla. Celui de Tissemsilt a carrément demandé la création d'un fonds spécial pour prendre en charge les besoins des zones sinistrées et initier des opérations de réhabilitation des constructions endommagées dans les zones rurales. Pour tous les intervenants, il s'agit de créer les conditions propices au retour des populations concernées et assurer ainsi un regroupement durable où tous les moyens pour une vie normale seront garantis. Après les orientations données en ce sens par les quatre walis, des ateliers ont été constitués en début d'après-midi avec la participation des directeurs de l'exécutif concernés. Les recommandations et propositions seront consignées dans le rapport qui sera ensuite transmis au gouvernement, a indiqué le wali de Chlef, ajoutant que la « nouvelle démarche pourrait être étendue aux autres régions du pays confrontées à la même problématique ».