Les habitants de ce quartier populaire ne comprennent pas les raisons d'une telle décision. L'état vétuste des équipements est mis en cause. Les manèges pour enfants de la place du Millénaire, commune de Bab El Oued, sont à l'arrêt depuis trois mois, sur décision de la wilaya d'Alger.La suspension de ce lieu de bonheur pour enfants a privé les chérubins de leur «petit monde magique», mais aussi pénalisé les familles ainsi que les commerçants. «Avant, ce lieu était la destination privilégiée de centaines de familles des quartiers populaires. Les manèges ne désemplissaient pas. Le front de mer d'El Kettani était animé et une ambiance festive y régnait à longueur de journée», raconte une dame rencontrée sur les lieux. Depuis sa fermeture, une espèce de morosité s'est installée et l'endroit est déserté. En fait, cette suspension est «incompréhensible», sinon pourquoi laisse-t-on sur place les manèges, et pourquoi ne pas délivrer l'autorisation de poursuivre l'activité ? A nos questions, nos interlocuteurs déclarent que la décision de suspension est liée à la vétusté des installations. Pourtant, depuis sa mise en fonction, avons-nous appris, aucun accident ni panne n'ont été enregistrés. «Il est normal que les services de la wilaya se préoccupent de l'état des manèges et de la sécurité des usagers, mais priver les enfants de leur espace de loisirs durant toute cette période est inacceptable», estime un père de famille, ajoutant que «si ces manèges étaient dangereux pour les enfants, pourquoi ne pas les démonter et en ramener des neufs qui répondent aux normes». A quelques jours de la saison des beaux jours et des vacances scolaires, rien n'a été encore décidé pour remédier à la situation. «Des dizaines de familles continuent d'affluer chaque jour, sur insistance des enfants, et repartent déçues en apprenant que les manèges ne fonctionnent toujours pas», raconte un commerçant. Selon lui, l'activité commerciale a diminué et les parents sont souvent obligés de se déplacer dans d'autres lieux de loisirs pour faire plaisir à leurs enfants. «Tout le monde est perdant dans cette affaire. Il faut que la wilaya d'Alger, qui semble coincée dans ses rouages bureaucratiques, doit prendre une décision au plus vite. On dirait qu'il n'y a personne pour faire avancer les choses», s'indigne un homme d'un certain âge, assis sur un banc, sirotant son café, un journal à la main. Il poursuit, un brin irrité : «Les enfants de Bab El Oued ont eux aussi droit à un peu de bonheur. Ici, les tarifs étaient accessibles aux petites bourses, contrairement à bien d'autres parcs d'attractions de la capitale où les prestations coûtent le double, voire le triple.» En attendant une solution de la part des bureaucrates, vautrés dans leurs bureaux et déconnectés de la réalité, les quelques employés et commerçants encore présents sur les lieux indiquent que face à la déception des parents et aux larmes des enfants, ils les orientent de l'autre côté de la baie d'Alger, vers les Sablettes. Un choix loin de faire le bonheur de tout le monde. «Hormis les personnes véhiculées, nombre de parents sont souvent dissuadés par le casse-tête du transport public. Car il faut changer deux à trois fois de bus pour y aller. Ce qui n'est pas évident avec gamins et bagages», précise un autre citoyen.