Le besoin d'assurer la sécurité énergétique de l'Algérie justifie le recours à l'exploitation du gaz de schiste. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a reconnu, hier, devant les députés, que d'ici 2030, l'Algérie ne sera plus en mesure d'exporter des hydrocarbures, sinon en petites quantités seulement. «Si les réserves restent en 2030 à leur niveau actuel, nous n'allons couvrir que la demande nationale, il n'en restera que très peu pour l'exportation», a avoué M. Sellal lors de la présentation du plan d'action, hier, à l'Assemblée nationale. Et de poursuivre : «Avec nos réserves de 12 milliards de barils de pétrole et de 4000 milliards de mètres cubes de gaz, l'Algérie ne peut couvrir que ses besoins internes.» Il s'agit là, selon toute vraisemblance, d'un aveu d'échec de la politique prônée depuis une quinzaine d'années par le président Bouteflika. A travers cette nouvelle donne révélée au grand jour, on comprendra aisément que le pouvoir n'avait ni vision économique ni stratégie en la matière. Le discours servi à tout bout de champ sur l'après-pétrole n'a conduit à rien de concret. L'Algérie est dépendante des recettes pétrolières plus que jamais. Plus qu'au début du règne de Bouteflika en 1999. La diversification économique réclamée par les experts n'était finalement qu'un vœu pieux. L'absence de pronostic et le bricolage ont poussé, aujourd'hui, le pouvoir à revoir sa copie. Il s'est trouvé dans l'obligation de recourir à l'exploitation du gaz de schiste, ce qui ne devait intervenir, pourtant, que d'ici 2050. En défendant l'option du schiste, Abdelmalek Sellal a tenu à préciser que son exploitation a été rendue nécessaire par le besoin d'assurer la sécurité énergétique de l'Algérie à très long terme. Face aux députés, le Premier ministre admet, à demi-mot, que le recours à l'exploitation de gaz de schiste s'impose et elle est irréversible. Aujourd'hui, il n'y a plus de doute sur les intentions du gouvernement concernant cette démarche. Seulement, se voulant rassurant, M. Sellal a affirmé que l'exploitation du gaz de schiste interviendra à long terme, précisant que le dernier texte adopté dans ce sens par le Conseil des ministres visait seulement à préparer le terrain à son extraction dans un futur lointain. Abdelmalek Sellal a indiqué que dans les cinq prochaines années, le secteur de l'énergie va entamer la phase préparatoire de l'exploitation à long terme du gaz de schiste par des forages-pilotes afin de définir les procédés de production des hydrocarbures non conventionnels. Un plan d'action hétérogène «Nous commencerons par l'exploration et la formation des cadres pour les prochains cinq ans», explique-t-il en annonçant l'intention du gouvernement de créer une école de formation très prochainement. Par ailleurs, le chef de l'Exécutif a annoncé que le gouvernement a pris, la semaine précédente, une disposition qui met fin «aux décisions abusives d'interdiction de sortie du territoire contre plusieurs individus», sans pour autant déterminer la catégorie concernée par cette décision : «Toutes ces personnes seront libres de circuler et de sortir de l'Algérie sans aucun problème», précise-t-il. Désormais, ajoute-t-il, «seul le juge sera en mesure de prendre la décision d'interdiction ». En parallèle du maintien de la politique de «la main tendue» en direction des «égarés» qui feront acte de repentance, le gouvernement continuera à mener toutes les actions de lutte antiterroriste pour consolider la sécurité nationale. Lors des débats, les députés de la majorité FLN et RND inscrits les premiers pour intervenir se sont fondu dans des généralités et ont tenté de régler leurs comptes avec les députés de l'opposition qui ont osé critiquer le rendement de la Chambre basse du Parlement et ont demandé sa dissolution. «Ceux qui nous ont traités de voleurs et qui critiquent cette institution ne sont que des délinquants politiques», se permet un député du FLN. Ceux de l'opposition promettent de répondre aujourd'hui. D'emblée, ils ont tous critiqué l'absence d'un bilan. «On ne peut pas présenter un plan d'action sans présenter un bilan», déplore M. Naâmane du MSP. Pour sa part, M. Taazibt du PT pense que le document objet de débat n'est pas homogène. «Le document est plein de contradictions. Le gouvernement n'a aucune vision», note-t-il.