Le Premier ministre Abdelmalek Sellal est revenu hier sur les 11 forages de gaz de schiste autorisés par le Conseil des ministres. Son intervention sonnait comme une précision à la presse nationale, et un message rassurant pour la population. L'exploitation des gaz de schiste a été sévèrement critiquée sur les réseaux sociaux par les algériens, s'appuyant sur les avis relayés de plusieurs experts. M. Sellal a réaffirmé, en effet, que l'exploitation du gaz de schiste interviendra à long terme. Et de préciser que le dernier texte adopté dans ce sens par le Conseil des ministres visait seulement à préparer le terrain à son extraction dans un futur lointain. «Nous avons adopté un nouveau texte sur le gaz de schiste et nous devons expliquer à nos citoyennes et citoyens qu'on ne peut se dérober à son exploitation à long terme», a-t-il déclaré au cours de la présentation du plan d'action du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale, soulignant, toutefois, que son exploitation «n'est pas pour aujourd'hui». Le programme de 11 forages de gaz de schiste, approuvé dernièrement par le Conseil des ministres, a été interprété par la presse comme un feu vert à l'exploitation de ce gaz non conventionnel, alors que les nouvelles mesures visaient seulement à évaluer le potentiel schisteux en Algérie. M. Sellal a indiqué que dans les cinq prochaines années, le secteur de l'énergie va entamer la phase préparatoire de l'exploitation à long terme du gaz de schiste par des forages pilotes afin de définir les procédés de production des hydrocarbures non conventionnels. En outre, cette phase préparatoire sera axée sur la formation des cadres de la Sonatrach aux meilleurs procédés de la production du schiste, a enchaîné le Premier ministre qui a annoncé la création prochaine d'une grande école de formation dans ce domaine. En défendant l'option du schiste, M. Sellal a tenu à préciser que son exploitation a été rendue nécessaire par le besoin d'assurer la sécurité énergétique de l'Algérie à très long terme. C'est à ce titre qu'il a souligné que le pays se doit à l'avenir de conforter ses réserves de gaz et de pétrole en vue de maintenir ses volumes d'exportation et, partant, préserver sa position d'acteur actif sur le marché international des hydrocarbures. Prônant la transparence, M. Sellal a révélé qu'avec des réserves de 12 milliards de barils de pétrole et de 4.000 milliards de m3 de gaz, l'Algérie ne serait pas en mesure de maintenir ses volumes d'exportation actuels à l'horizon 2030. D'où la nécessité d'intensifier les effort d'exploration et de développement en mettant en production de nouveaux gisements de pétrole et de gaz pour renouer avec la croissance en matière de production qui a baissé l'année dernière. «Si les réserves restent en 2030 à leur niveau actuel, nous n'allons couvrir que la demande nationale, il en restera très peu pour l'exportation», a-t-il dit. Revenant sur l'impact environnemental de cette exploitation, le chef de l'exécutif a tenu d'emblée à préciser que son gouvernement, conscient des dangers de cette opération, ne nie pas les aspects négatifs de cette exploitation. «Nous allons prendre toutes les précautions nécessaires pour protéger nos ressources hydriques. Nous n'allons pas prendre le risque de porter atteinte à l'environnement», a-t-il promis. Le président Abdelaziz Bouteflika avait instruit le gouvernement de veiller à ce que la prospection, et plus tard l'exploitation des hydrocarbures schisteux soient menées en permanence avec le souci de préserver les ressources hydriques et de protéger l'environnement. Réuni sous la présidence de chef de l'Etat, il y a quelque jours, le Conseil des ministres avait donné son accord pour le lancement des procédures requises en direction des partenaires étrangers. «Les projets d'accords pour entamer les prospections seront soumis le moment venu à la décision du Conseil des ministres», avait souligné le communiqué du Conseil des ministres.