Mis à part le premier prix fortement contesté eu égard à la qualité du spectacle scénique mais aussi à la qualité du texte écrit dans un arabe classique approximatif, le jury s'est rattrapé en récompensant la troupe oranaise d'un second prix largement mérité. C'est dans une ambiance feutrée que se sont éteints les lampions de la 47ème édition du Festival de théâtre amateur qui a tenu, en grande partie, ses promesses. D'abord par la qualité très relevée des débats, quand bien même, par moments, la fougue de certains intervenants a taquiné le point de rupture. Mais la sagesse de nombreux modérateurs a permis d'éviter le pire. Encore une fois, les enjeux se sont focalisés autour de la langue usitée par les troupes. Entre les parlers locaux, le fameux parler maghrébin, qui a toujours été le langage le plus familier des planches, et l'arabe classique, les participants à cette 47ème édition ne sont pas parvenus à un consensus. Et ce ne sera pas le palmarès concocté par le jury, que présidait Djamel Bensaber, qui mettra un terme à cette bataille des «langues». En octroyant le premier prix à la troupe de Laghouat qui a présenté un spectacle de qualité tout juste moyenne, voire médiocre selon l'avis de nombreux spécialistes, le jury aura fait montre d'une certaine désinvolture, voire d'une grande cécité, au point que certains spécialistes ont fait part de leur stupéfaction à l'énoncé du palmarès. D'aucuns ont même parlé d'un palmarès politique. Toutefois, mis à part le premier prix fortement contesté eu égard à la qualité du spectacle scénique mais aussi à la qualité du texte écrit dans un arabe classique approximatif ainsi qu'à la faiblesse du jeu d'acteur, le jury s'est de suite rattrapé en grande partie en récompensant la troupe oranaise d'un second prix largement mérité. En effet, avec les troupes de Fouka et de Bedjaia, la jeune troupe d'Oran est sans doute celle qui aura donné le plus de satisfaction. Avec les sempiternelles petites défaillances qui font le charme de l'amateurisme, ces 3 troupes auront montré les prémices d'un véritable renouveau du théâtre amateur. Approchés par El Watan pour livrer leurs impressions, les figures de proue de cette manifestation que sont Charef Berkani, Ahmed Cheniki et Kémal Bendimered, n'auront pas manqué de souligner combien «ces associations nous auront réconciliés avec le vrai théâtre». Pour Kémal Bendimered, un peu échaudé par les premiers spectacles, «les jeunes amateurs de Bejaia, d'Oran et de Fouka nous ont replongés dans le théâtre des années soixante-dix, celui de la générosité et de l'authenticité, celui du dénuement aussi, car ces 3 spectacles se sont également singularisés par la vacuité, voire l'indigence des décors». Les portes du perfectionnement En plus des débats, ce sont les ateliers thématiques qui auront grandement participé à la qualité du Festival. En effet, l'initiative des organisateurs de faire disséquer les pièces par une douzaine de spécialistes des planches aura des prolongements heureux pour la plupart des associations. Une idée généreuse qui mettra à contribution l'ensemble des acteurs de la sphère artistique et culturelle nationale. Car chacun aura mis à contribution son carnet d'adresses afin d'ouvrir les portes du perfectionnement devant des troupes provinciales souvent complètement démunies et isolées. Ce regain d'optimisme s'est prolongé lors de la cérémonie de clôture par la présentation de Dem El Hob de Kaki. Mise en scène par le jeune Mohamed Takirett qui s'est appuyé sur un scénographe et un chorégraphe aussi talentueux que discret, la pièce a conquis l'exigeant public mostaganémois qui a été agréablement surpris par la qualité du spectacle, la singularité du décor et les nombreuses et subtiles digressions du metteur en scène. Autant d'entorses au spectacle originel que n'aurait point désapprouvé Ould Abderrahmane Kaki. Produit par le Théâtre régional de Mostaganem, la pièce se laissera voir non sans plaisir par d'autres publics, d'autant qu'il s'agit là du premier spectacle du tout nouveau Théâtre de Mostaganem. Notons que le palmarès de la 47ème édition se décline ainsi : le grand prix a été décerné à En'Nakous de Laghouat pour son spectacle Aâwil Ez'Zaman el Mahzoum ; la seconde place a été attribuée à la troupe Malaïket el Khachaba d'Oran, pour le spectacle El Wahl alors que le 3ème prix est revenu à la coopérative Nebras d'Adrar pour la pièce Es'Sahd. Concernant les prix du meilleur rôle féminin, il est revenu à Chahra Aâldjia d'Adrar pour son rôle dans Aâwil Ez'Zaman el Mahzoum. Nadir Belbrahem de Fouka et Houari Oubid de Stidia se sont partagé le meilleur rôle masculin dans Tiha ou Nouda de Riadh el Ibdae de Fouka et 305, œuvre de la troupe Mustapha Kateb de Stidia.