Les pouvoirs publics décident de fixer les horaires de travail dans les centres de soins de proximité. Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, a affirmé jeudi dernier à Alger qu'«ils seront ouverts de 8h à 20h». Intervenant en marge de la signature d'un protocole de coopération entre l'Algérie et Cuba, le ministre de la Santé explique que l'objectif tracé est de mettre un terme à la pression sur les hôpitaux et les CHU. «Nous œuvrons à travers cette opération, qui vise les établissements de santé de proximité, les polycliniques et les salles de soins, à améliorer la santé de proximité et à la rapprocher du citoyen. Nous insistons sur le respect des horaires : 8h-14h et 14h-20 h», rapporte l'APS. «Par conséquent, poursuit-il, les grands hôpitaux se consacreront à la prise en charge des maladies lourdes et la recherche scientifique.» Dans le même sillage, les malades éviteront de «se déplacer d'un hôpital à l'autre». Contacté hier, le secrétaire général des paramédicaux, Younès Gachi, affirme à El Watan que «fixer des horaires du matin au soir a toujours figuré parmi les revendications principales du syndicat». Il ajoute que «cette directive peut être appliquée puisque les moyens humains existent». M. Gachi indique que «les paramédicaux sont toujours présents dans les centres de soins. Avec cette directive, il deviendra possible de répartir les médecins généralistes». Cependant, Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSS), estime que «la problématique concerne plus la structure que les horaires». M. Yousfi souligne qu'«il y a une différence entre tel et tel centre de soins. Il existe des polycliniques avec chacune un plateau technique». Le syndicaliste pense que «les efforts à fournir par les pouvoirs publics demeurent la sensibilisation et l'information à l'adresse des citoyens puisque beaucoup croient que pour se soigner il est impératif d'aller dans les hôpitaux, alors que les centres de proximité peuvent fournir les soins indispensables». De son côté, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), Lyès Merabet, rappelle que «les conditions humaines et techniques ne sont pas réunies pour appliquer ce genre de décisions». «Cette directive va créer une nouvelle polémique. Comment le ministre peut-il prendre des décisions sans consulter les principaux concernés, entre autres le corps soignant. Le secteur de la santé a ses traditions et son organigramme. Les conditions décentes de travail doivent être réunies pour pouvoir fixer les horaires de 8h à 20h, ceci sans oublier que ces décisions relèvent de la Fonction publique.» Le docteur Merabet juge qu'«il faut reconsidérer cette décision car elle n'est pas justifiée. Pourtant, il y a trois semaines nous avons rencontré le ministre de tutelle et il n'a pas évoqué le sujet. Il y a un devoir de concertation. Il faut savoir qu'il y a un manque d'encadrement du corps soignant et des paramédicaux.»