Référence des berlines radicales aux performances de GT, l'Audi RS4 est de retour avec des arguments de choc, pour tenir la concurrence à distance un bon moment. Et le virage le mieux négocié par cette avaleuse de courbes est celui de son V6 turbo lâché au profit du V8 atmo et ses 420 ch. Chose surprenante en ces temps, premier coup de maître, l'Audi RS2 affichait il y a 12 ans 315 ch et un fameux 5 cylindres turbocompressé. La relève interviendra 6 ans plus tard avec un sacré break de chasse, la RS4 V6 biturbo et ses 380 ch, qui s'écoulera à 6000 exemplaires dans le monde. Vint ensuite l'intimidante RS6, plus puissante Audi commercialisée à ce jour avec ses 480 ch en fin de carrière. Transmission intégrale Quattro, châssis préparé et débauche de puissance ont à chaque fois permis à ces engins de tenir la dragée haute sur circuit aux Italiennes et autres Allemandes surgonflées. Jusqu'ici, sans descendante, la première RS4 trouve enfin une héritière, et quelle héritière ! Le retour s'annonçait simple, on n'en attendait pas moins. Et si d'apparence on retrouve les traits d'une A4, nous sommes ici à des années-lumière d'une tranquille berline. Selon Audi, les formes de la RS4 sont directement conditionnées par la recherche de performances. Les ailes enflées abritent les voies élargies (+37 mm à l'avant et +47 mm à l'arrière) et des roues de 18 ou 19'', et la calandre très ouverte abreuve plus facilement en air le moteur. La caisse est rabaissée de 30 mm pour abaisser le centre de gravité et les spoilers, tout comme le déflecteur arrière plaque au sol le châssis à haute vitesse. De quoi mixer un look brutal avec des performances de choc, pour un cocktail explosif. A l'intérieur, tout est fait pour que le conducteur exploite au mieux sa machine. Les sièges baquets à l'avant sont par exemple équipés de coussins latéraux gonflables qui vous maintiennent fermement dans le feu de l'action. Les épaulements de ces sièges sont eux très marqués ; vous ne bougez pas, mieux, vous faites corps avec la RS4. Le cuir est d'excellente facture, le carbone n'a jamais été aussi présent et l'aluminium achève le tableau. A côté du frein à main, se situe un bouton permettant la mise en route ludique du moteur. Comme dans une monoplace, le volant est aplati à sa base pour un meilleur accès à bord. Il intègre la commande d'un chronomètre avec fonction « lap-timer », et une touche sport qui adapte la réponse de l'accélérateur et la tonalité de l'échappement, et active le maintien latérale des sièges. Et tous ces changements sont clairement visibles et audibles ! Le son du V8 devient plus rauque et plus fort, l'ambiance est à son comble, tout s'accélère. Pièce maîtresse de la préparation opérée par la société Quattro GmbH, le V8 atmosphérique FSI prend la relève du V6 2.7 biturbo. Le creux à bas régime d'un bloc turbo est donc évité avec cette motorisation bougrement efficace à tous les régimes. Cubant 4163 cm3 et fort de 420 ch, il franchit avec brio la barre des 100 ch au litre, et sans l'aide de la suralimentation. Mais sa spécialité, ce sont les hauts régimes. Ainsi, 390 des 430 Nm de couple sont disponibles à partir de 2250 et jusqu'à 7600 tr/mn ! Côté performances, le 0 à 100 km/h est franchi en 4, 8 s, soit 1 dixième de mieux que la précédente RS4. Une différence minime certes, mais la prise de poids inhérente à l'équipement en hausse est à prendre en compte. Les 250 km/h sont atteints avec une facilité déroutante, mais les 300 km/h seraient à la portée de cette Audi sans la bride électronique. Argument de poids et de tradition chez la marque aux anneaux, la transmission Quattro réserve ici un traitement de faveur à la RS4. La direction ultradirecte est un modèle du genre, douce en usage normal, elle devient très dure à haute vitesse pour accroître la stabilité. Mais plus impressionnantes sont les vitesses de passage en courbe, difficilement imaginables sur une berline. Le couple majoritairement envoyé au train arrière lui confère une excellente agilité. Mis au point sans tenir compte de ses béquilles électroniques, le châssis de la RS4 est donc bluffant d'efficacité, même ESP déconnecté. Il peut compter néanmoins sur une suspension hydraulique DRC, héritée de la grosse RS6 sur laquelle il paraît les mouvements de caisses dus à son poids élevé. Ici à son aise, il compense les mouvements de roulis et de tangage en reliant les amortisseurs 2 par 2, en diagonale via une vanne centrale. L'Audi RS4 domine donc sans peine son segment, au moins jusqu'à l'arrivée d'une rivale de poids, la BMW M3 de 2007. La Munichoise disposera également d'un V8, de plus de 400 ch aussi. V8 toujours pour l'actuelle Mercedes Classe C AMG, mais la belle est dominée en performance avec ses 367 ch. Et la transmission intégrale Quattro reste l'atout suprême de la RS4, qui est plus chère que la Mercedes. En ces périodes, il est permis de rêver.