L'Irak vit toujours à l'heure de l'offre de paix lancée par le Premier ministre Nouri El Maliki, avec à chaque fois, plus de questions que de réponses. L'auteur de cette initiative tendait visiblement à désamorcer avant tout d'abord le conflit inter-ethnique bien réel selon nombre d'analystes, tandis que l'ancien premier ministre Iyyad Allaoui a parlé sans la moindre hésitation de guerre civile. En attestent les pasticages de vendredi dernier à Sadr City, la banlieue chiite de Baghdad et l'enlèvement, le même jour, d'une députée sunnite. Dans son énoncé, M. El Maliki avait énuméré les lites des exclus, mais hier, celui qui incarne l'autorité suprême de la communauté chiite a élargi le spectre des bénéficiaires. Le puissant chef chiite irakien Abdel Aziz al Hakim s'est dit, en effet, favorable à une amnistie pour les auteurs des attaques contre les soldats américains. M. Hakim a répondu par l'affirmative à la question de savoir s'il était favorable à ce que l'amnistie proposée par le Premier ministre, Nouri al Maliki, concerne ceux qui ont combattu et tué des soldats américains de la Force multinationale. Il a estimé que cette amnistie devait concerner tous ceux, « sans distinction », qui se sont opposés les armes à la main aux Américains. M. Hakim a toutefois insisté sur le fait qu'il fallait exclure de l'amnistie les fidèles de l'ancien président Saddam Hussein et les « takfiris », les extrémistes sunnites auteurs de violences. De nombreux membres du courant chiite radical de Moqtada Sadr ont combattu les armes en main les troupes américaines durant l'été 2004, notamment dans la ville sainte chiite de Najaf, au sud de Baghdad. Les responsables du courant demandent périodiquement la libération des ceux parmi eux qui sont toujours détenus. M. Maliki avait souligné que les auteurs des attaques contre les membres de la Force multinationale ne pouvaient bénéficier de l'amnistie, proposée dans le cadre d'un projet de réconciliation nationale, tout comme les auteurs de crimes de sang contre les Irakiens. M. Hakim est le chef du principal parti chiite du pays, le Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII) et la tête de liste de l'alliance chiite qui a remporté 128 des 275 sièges du Parlement élu le 15 décembre 2005. Le Premier ministre est le numéro deux du parti chiite, Dawa, qui est membre de cette coalition, appelée Alliance irakienne unifiée (AIU). Par ailleurs, le principal avocat du président irakien déchu, Saddam Hussein, a affirmé que les accusations portées à l'encontre de l'épouse et la fille année de Saddam Hussein « n'ont aucun fondement juridique ». « Ces accusations n'ont aucun fondement juridique », a déclaré l'avocat irakien Khalil Doulaïmi, qui se trouve en Jordanie. « Interpol n'est pas un jouet (...) on ne peut pas l'utiliser contre Mme Raghad ou à Mme Sajida. » Il a accusé les Etats-Unis de « se permettre de classer terroriste qui ils veulent ». « Mais on se demande qui est le terroriste dans le monde et qui tue et viole la souveraineté des Etats », a-t-il dit. Me Doulaïmi, qui a été choisi par Raghad pour diriger le comité de défense de son père, a souligné que la fille aînée de Saddam Hussein « jouit de l'hospitalité de la Jordanie, une hospitalité arabe véritable basée sur des éléments humanitaires et non politiques ». Raghad Hussein « respecte cette hospitalité et ses limites », a-t-il dit, ajoutant que « si elle avait des moyens financiers, elle aurait soutenu financièrement le comité de défense » de son père. Sajida et Raghad Saddam Hussein figurent sur une nouvelle liste de 41 personnes les plus recherchées, dont l'Irak a demandé l'extradition, publiée dimanche par le conseiller irakien pour la sécurité nationale. « Ces personnes sont responsables de la plupart des attentats et des meurtres perpétrés sans discrimination contre le peuple irakien et sont à l'origine de la guerre confessionnelle entre les sunnites et les chiites », a déclaré à la presse Mouaffak al Roubaïe. Me Doulaïmi a souligné que seuls les financements « des frais de base proviennent de bienfaiteurs dans le monde arabe, mais ce n'est pas suffisant pour subvenir aux besoins du bureau ». La Jordanie et le Qatar n'ont pas réagi dimanche à la requête irakienne concernant Sajida et Raghad Hussein. Une telle accusation change les données relatives à la violence dans ce pays, dont les auteurs tous présumés ou désignés par les Irakiens ou les Américains, ont des statuts et des identités multiples, et fondamentalement différentes les unes des autres.