La ville de Touggourt a fêté, en début de semaine, le centenaire de la construction de la voie ferrée (1914-2014). Inaugurée en juin 1914, la voie ferrée passant par Touggourt fête son centenaire. Les festivités de ce centenaire ont été organisées par l'association des notables d'Oued Righ, bureau communal de Touggourt, en partenariat avec d'autres associations de la ville ainsi qu'avec le comité des fêtes de l'APC de Touggourt. Le programme de ce centenaire, très riche et diversifié, a commencé avec un grand rassemblement au niveau de la gare SNTF, avenue du 5 juillet 1962, et des chants et des représentations des scouts ont ponctué la manifestation, appuyés par une exposition de photos souvenirs des travaux de construction de la voie ferrée, sa réalisation et les différentes étapes qui ont précédé et accompagné le démarrage du premier train de Touggourt. Ces travaux ont duré de 1910 à 1914 et répartis sur quatre phases étalées, chacune étalée sur huit mois chacune. Pour chaque cycle de travaux, quelque 1000 ouvriers de la région avaient été embauchés dont 300 prisonniers et militaires, raconte M. Sebgag Tahar, professeur d'histoire moderne à l'université d'El Oued, qui a présenté une communication très riche en informations historiques. L'orateur a révélé que près de 400 ouvriers de la région ont participé à chaque phase de ces travaux, le reste du personnel étant constitué d'experts et de techniciens européens. A la veille de la guerre de 1914-1918, l'administration des Territoires du Sud avait obtenu la concession d'une ligne à voie unique d'un mètre. Classée d'intérêt local, elle reliait Biskra à Touggourt sur 217 km. Cette voie qui a nécessité quelque 600 tonnes d'acier, continue de fasciner par ses caractéristiques techniques novatrices à l'époque ainsi que par sa portée, marquant ainsi et à jamais les esprits. Au cours du cycle de conférences qui a eu lieu dans la salle des fêtes de l'APC de Touggourt, samedi dernier, les orateurs ont souligné l'intelligence du parcours de cette voie ferrée, comptant un embranchement à Oumache (à 22 km de Biskra), et un autre à Tolga (long de 35 km) qui a été ouvert en 1916. Enfin, le pont sur l'oued Jedi est considéré comme étant l'un des plus longs d'Algérie. Les conférenciers ont souligné l'intérêt stratégique de cette ligne reliant les deux plus grandes zones du territoire de la datte algérienne et qui a immédiatement suscité l'intérêt des autorités coloniales à Alger. Ces dernières ont vite fait de demander la reclassification de cette ligne, promue à peine huit ans après sa mise en service en ligne d'intérêt général. Touggourt, locomotive du progrès Touggourt s'était très bien adaptée au chemin de fer, une voie ferrée qui avait changé à jamais sa destinée car elle devenait ainsi un pôle agricole et industriel très important avec, notamment, la palmeraie étendue sur plusieurs kilomètres et la zone industrielle spécialisée en produits rouges et matériaux de construction. Cette ville qui a pu accéder, dès le début du siècle dernier, à la modernité grâce à un train qui ne différait guère de celui de Paris, a offert à la population un moyen de transport qui leur a facilité les déplacements et un moyen de communication. La liaison entre cette ville du sud et celles de l'est algérien, les relations économiques et sociales qui se sont tissées, gardent toute leur importance malgré la déchéance que vit le Touggourt d'aujourd'hui. Un sentiment d'amertume empreint les témoignages des habitants qui aspirent à ce que leur daïra devienne wilaya dans les plus brefs délais pour libérer les initiatives et améliorer les choses. Beaucoup de nostalgiques de l'ancien Touggourt se demandent, en effet, pourquoi leur ville connaît une telle régression alors qu'elle était promise à un bel avenir. Des trains plus rapides Mme Khaoula Kafi, enseignante au centre de formation professionnelle de Touggourt, titulaire d'un mastère en économie du transport, a quant elle expliqué le rôle de la voie ferrée dans le développement de l'économie locale. Cette route ferroviaire de la datte était promise comme une future voie pétrolière, a-t-elle souligné. Le constat est donc amer malgré la relance du transport ferroviaire à Touggourt. Le responsable de la gare de Touggourt ainsi que le directeur régional de la SNTF à Constantine ont, quant à eux, annoncé en grandes pompes le succès de l'expérimentation de la modernisation de cette voie. Une année est passée depuis que le tronçon ferroviaire reliant la ville de Touggourt à celle de Biskra a été modernisé, mais l'utilisation du train demeure très minime. Malgré l'ouverture au transport des voyageurs depuis plus de deux ans, le nombre des usagers reste très faible. La cause principale est la vitesse réduite du train 60 km/h ainsi que les nombreux arrêts marqués par le train. Ainsi, le voyage dure 5 heures et semble déranger les voyageurs qui peuvent arriver en deux heures seulement par voie terrestre. C'est ainsi que les essais effectués, le 21 mai dernier, permettront d'augmenter la vitesse des trains reliant Touggourt à Biskra, passant des 60 km/h actuels à 120 km/h à partir des semaines à venir. Même topo pour les trains de transport des marchandises qui passeront de 40 km/h à 80 km/h. Un port sec de 2 km2 à Touggourt Lotfi Hadj Saïd, directeur de la gare ferroviaire de Touggourt, a annoncé dans la foulée des festivités commémorant le centenaire du train, le lancement d'un port sec à Touggourt pour désengorger les ports marins du nord. Les conteneurs destinés aux régions sud seront donc systématiquement transportés par voie ferrée vers Touggourt afin de faciliter aux opérateurs économiques la récupération de leurs marchandises importées ainsi que leur dédouanement. La localisation de ce port sec a d'ores et déjà été effectuée sur l'axe Touggourt-Biskra sur une surface de 2 km2. Le lancement des études et la réalisation se feront au cours de l'année. A souligner que les festivités commémoratives du centenaire du train à Touggourt se poursuivront jusqu'à la fin de l'année selon un programme établi par les associations de la ville comprenant, notamment, le maintien de l'exposition photographique.