Bahia Allouache marche sur les pas de son père, Merzak AllouacheMême démarche, même regard, même esthétique. Difficile dans ces conditions de sortir du «fille de…». Dans Une journée ordinaire, court métrage en compétition au 2e Festival d'Alger du cinéma maghrébin, la jeune cinéaste tente de faire dans «la politique». Ou, disons, dans la satire sociopolitique. Le prétexte est tout trouvé : le discours du président Bouteflika à Sétif en mai 2012 où il évoquait le fameux «Tab jnani» (Je suis exténué) et appelait les jeunes à prendre le relais au pouvoir. A partir de ce discours montré au début du film, pour bien orienter le spectateur, Bahia Allouache raconte l'histoire simple d'une famille ordinaire dans un pays installé dans la platitude. Il y a, d'abord, la jeune fille en hijab qui s'apprête au mariage et qui reçoit ses copines pour prendre un café à la maison. Les filles ne parlent que de «cela», la fête du mariage, les tenues qu'il faut porter. Il y a, ensuite, le frère (Akram Djeghim), un garçon semi-barbu au regard sévère. D'où vient cette méchanceté et pourquoi est-il agressif ? Il faut le deviner puisque rien ne semble le justifer. Le frère n'est obsédé que par une seule et unique chose : rétablir le signal satellite pour regarder la télévision. Il sollicite les copains du quartier pour «arranger» la parabole. Les trois garçons parlent de football : Mouloudia, Barcelone, se disputent. Bahia Allouache plonge donc dans le cliché, comme un enfant l'aurait fait dans une flaque de boue. C'est simple, selon la vision réductrice de Une journée ordinaire, les jeunes Algériens ne s'intéressent qu'au foot, pour les garçons, et au mariage, pour les filles. La politique ? Ce n'est pas leur tasse de thé. Ils ne sont donc pas prêts à prendre le relais, avoir des responsabilités… Bouteflika peut toujours parler. Bahia Allouache, adepte des cultures urbaines, n'a pas fait un grand effort pour soutenir son propos et éviter les sentiers battus. Son film est tout aussi ennuyeux qu'un discours présidentiel ! Autre court métrage algérien présenté au 2e Festival d'Alger du cinéma maghrébin : Maktoub, de Lamia Brahimi Belhadj. Un film curieux où il est question de marabout, de solitude, de femme troublée (Mina Lachtar), d'enfant (Wassim Robai) délaissé par les parents… Il est question de beaucoup de silence et d'ambiguïté dans ce premier film de Lamia Brahimi Belhadj, parfois incompréhensible. Il y a forcément un problème avec le scénario de ce court métrage. Autre film expérimental, Le temps, la mort et moi du jeune cinéaste tunisien Slown (Slim Zahra de son vrai nom). Tourné en noir et blanc à Montréal, au Canada, le film, marqué par une certaine candeur, donne corps au temps, représenté par un personnage qui a une tête en forme d'horloge et qui est attaché à un jeune homme quelque peu perdu. La mort est également représentée. Entre les deux, l'homme urbain, victime de la vitesse, doit évoluer et tenter de vivre. Qui du temps ou de la mort est «le meilleur» complice. Il y a un peu de fraîcheur dans ce film qui, à l'origine, était un poème.