Un solde négatif de -1,7% en 2015 et de -3,4% en 2016. Ce sont là, les dernières prévisions publiées par la Banque mondiale (BM) sur les perspectives d'évolution de la balance des comptes courants de l'Algérie. Longtemps arborés comme un gage de santé financière inébranlable et d'une solvabilité extérieure définitivement assise, les excédents de la balance des paiements de l'Algérie s'effilochent de plus en plus pour laisser place à de sombres perspectives de crises et à des risques réels d'un retour à l'endettement. Après tant d'années d'euphorie dépensière, le compte courant de l'Algérie – qui, pour faire simple, représente le solde de ses dépenses et de ses recettes extérieures – s'établit désormais à un niveau de +0,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2014, soit loin des confortables excédents de ces quelques dernières années. Ainsi, dans ses toutes récentes prévisions, reprises hier par l'APS, la Banque mondiale indique que le solde de la balance des comptes courants de l'Algérie se situera à +0,7% du PIB en 2014 (contre une prévision de +2,6% publiée en janvier dernier), tandis que pour 2015 et 2016, il devrait être carrément négatif, respectivement à -1,7% et à -3,4%. En ceci, la Banque mondiale se montre encore plus pessimiste que l'autre grande institution de Bretton Woods, en l'occurrence le Fonds monétaire international (FMI), qui table, pour sa part, sur un solde de la balance de comptes courants à 0,5% du PIB en 2014 et à -1,3% du PIB en 2015. Quoi qu'il en soit, le déclin des recettes d'exportation des hydrocarbures, combiné au gonflement des dépenses à l'importation, participe de plus en plus à inverser la courbe des excédents financiers de l'Algérie, faisant redouter, à terme, une contraction drastique de son pouvoir d'achat à l'international. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap), le FMI révélait déjà que les finances de l'Algérie restaient très vulnérables aux risques de chocs externes eu égard, notamment, aux aléas qui pèsent tant sur la production pétrolière que sur l'évolution des prix sur le marché mondial. Aussi, la même institution financière internationale soulignait que les pays pétroliers de la région, dont bien entendu l'Algérie, doivent désormais axer leur priorité sur la diversification de leurs économies afin de réduire leur dépendance au pétrole, d'augmenter les opportunités d'emploi dans le secteur privé et de renforcer leur résistance à d'éventuels chocs externes. De même, préconise encore le FMI, la politique budgétaire des pays en question doit gérer les pressions de la demande, préserver les richesses pour les générations futures et s'assurer de l'efficacité des dépenses d'investissement publiques..