L'aide des autorités locales est insuffisante, estiment certains Syriens. La ville de Tizi Ouzou et ses environs immédiats, notamment la Nouvelle-Ville, ainsi que Draâ Ben Khedda, à l'ouest du chef-lieu de wilaya, connaissent depuis plusieurs mois un nombre important de refugiés syriens, «mendiant» à leur manière au niveau de la plupart des carrefours de ces centres urbains. «Je vends des mouchoirs en papier pour subvenir aux besoins les plus elémentaires de notre famille. Mon père est handicapé, ma mère ne travaille pas», nous dira Fadi, un enfant syrien de 6 ans, rencontré à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou. Ces réfugiés sont de plus en plus nombreux aux carrefours principaux, notamment au niveau de ceux dotés de feux tricolores, pour recevoir une obole ou quelques pièces de monnaie, voire parfois un billet de banque, contre un paquet de mouchoirs coûtant généralement 10 à 15 DA. Des pères et des mères de famille, avec des bébés dans les bras, accompagnés de gamins et de gamines, investissent les lieux dès le lever du jour et ce, jusqu'à la tombée de la nuit. La présence des réfugiés syriens en Algérie remonte à 2011, soit avec le début de la guerre civile dans ce pays du Proche-Orient. Maya, maman de deux garçons, rencontrée dans la Haute ville de Tizi Ouzou, nous relate son histoire lors de son débarquement en Algérie. «Je suis venue de la ville d'Alep. Cela fait plus de six mois que nous avons franchi les frontières de l'Algérie. Les douaniers ont cacheté nos papiers avec la mention ‘‘réfugiés''. Cela nous a permis de circuler de façon plus ou moins libre entre les différentes régions de ce pays.» Parmi les réfugiés syriens, nombreux sont ceux qui ont choisi de rallier Tizi Ouzou pour des raisons différentes par rapport à d'autres régions d'Algérie. Selon Maya, Tizi Ouzou paraît plus calme et surtout située tout près d'Alger, la capitale. En revanche, pour Fadi et un groupe de ses compatriotes, c'est plutôt une obligation car, nous indiquent-ils, «nous sommes restés trois mois à Alger. Mais nous avons été contraints de changer de lieu car le nombre de réfugiés syriens à Alger est important. Nous n'avions pas où loger et les aides que nous recevions ne nous suffisaient pas» dira une mère de famille qui veut garder l'anonymat de son identité et de sa ville d'origine. Pour les Syriens de Tizi Ouzou, le logement pose un véritable problème. «Nous avons loué une maison à Oued Aïssi, nous y recevons des aides, certes, mais cela reste insuffisant pour couvrir nos besoins quotidiens» dira Dima, une jeune fille de 21 ans. Selon des témoignages, quelques familles sont logées dans différents hôtels de la capitale du Djurdjura, alors que d'autres se sont retrouvées dans des bidonvilles d'Oued Aïssi. Selon la Direction de l'action sociale (DAS), des aides ont été attribuées aux réfugiés syriens se trouvant dans la wilaya. Ces aides sont constituées principalement de denrées alimentaires et de vêtements. Néanmoins, la tâche est devenue très difficile pour les services de la DAS, du fait que le nombre de réfugiés ne cesse d'augmenter chaque jour. Notons que le Croissant-Rouge algérien (CRA) a refusé de nous donner toute information à ce sujet. Nous avons pourtant tenté de joindre le chef de cabinet du wali pour connaître le nombre approximatif de Syriens réfugiés à Tizi Ouzou, ainsi que les conditions de leur prise en charge dans la wilaya. En vain. Des familles veulent surtout que leurs enfants soient scolarisés dans les écoles algériennes afin de ne pas remettre en cause leur avenir scolaire, alors que d'autres gardent l'espoir que la guerre prenne fin rapidement, en vue d'un retour prochain dans leur pays natal.