C'est au village natal de Da Slimane (Slimane Amirat), cet homme historique, que nous allons transporter nos lecteurs. Takerboust est le chef-lieu de cette commune située à l'extrême est de la wilaya de Bouira et née du dernier découpage administratif avec pour nom Aghbalou (prononcez Aghvalou) qui en tamazight veut dire «clairière ou endroit riche en eau et en arbres et parfois fontaine dans certaines régions». Cette commune de montagne dont le territoire est à forte déclivité, s'étend sur plus de 60 km² et est habitée par environ 25 000 âmes réparties sur 10 villages qui sont Takerboust, Selloum, Ivahlal composé de trois bourgs, Ath-Hamdoun, Ighil-Ouchekrid, F'Dossa et Amouche ainsi que les nombreuses habitations éparses, car ici les gens préfèrent construire si possible sur leur terre. Traversée par la RN 15, Aghbalou contemple paisiblement le ciel ainsi que l'un des plus beaux visages du Djurdjura auxquel se trouvent agrippées toutes ces agglomérations tels des chapelets que le poète a si bien décrits. Comme toutes les collectivités frontalières, cette commune, qui dépend administrativement de la wilaya de Bouira, est socio-économiquement orientée vers celle de Béjaïa. Dans son investissement pour l'homme, Aghbalou dispose d'un lycée, de deux CEM et de 10 écoles primaires fonctionnels. Pour l'année en cours, une autre école primaire est programmée à Ath-Hamdoun. Un centre de formation professionnelle existe aussi. Un fait nouveau pour cette année mérite d'être signalé, il s'agit de l'ouverture de cantines scolaires, ce qui permettra aux enfants de prendre un repas chaud et équilibré. Aussi, un événement important retient l'attention par rapport au suivi de la scolarité. Les parents d'élèves du CEM du chef-lieu ont eu à «dénoncer» haut et fort un phénomène inhérent à «la valse» des directeurs, pour reprendre l'expression utilisée par ces gens. Selon les parents, cet établissement est utilisé par ses chefs comme «tremplin». Tous ceux qui sont passés par là n'étaient pas titulaires, ils venaient en «stagiaire» et une fois titularisés, ils partaient, ce qui rend ce collège «instable», diront ces mêmes parents. Toujours concernant le citoyen, sa protection en matière de santé n'est guère des meilleures, surtout lorsqu'on sait que la densité démographique dépasse les 350 habitants au km² et que les structures existantes sont quasi inopérantes, manquant tantôt de personnel, tantôt de matière et/ou de matériel jusqu'à novembre dernier, date d'ouverture de la polyclinique qui assure, de manière régulière, la protection maternelle et infantile ainsi que certains actes d'obstétrique. Vivant en étroit voisinage avec la plaine «Azaghar» qui est représentée principalement par Tazmalt et ses environs et la haute montagne «Igawawen» villages accrochés au flanc sud de la chaîne du Djurdjura juste après la crête (Lejva), la population de cette commune a depuis fort longtemps adopté un comportement adapté à l'exil. Mis à part quelques nantis, le reste de la masse laborieuse émigre dès le jeune âge soit à l'extérieur, soit à l'intérieur du pays, vers des pôles économiquement attractifs pour se frayer un chemin, apprendre un métier et subvenir aux besoins de leurs familles nombreuses. A ces effectifs, l'on pourra ajouter ceux à qui la création de certains services publics a permis de décrocher «un travail» ainsi que ceux qui vivent de «l'euro», cette manne financière, la dévaluation aidant, qui vient comme un bol d'air frais récompenser les efforts des vieux pionniers de l'émigration, à titre posthume pour la plupart, et secourir une descendance dans la «construction de sa vie». Pour le reste, cet é a reçu sa part de programmes de l'année en cours, dans les différents cadres et opérations et rien ne mérite d'être évoqué spécialement, car il est plutôt question d'opérations routinières d'achèvement ou de début de réalisations de tâches censées, une fois finies, résorber un tant soi peu les peines quotidiennes que vit le citoyen à Aghbalou. Concernant les voies de communication, - signalons que le pont reliant le chef-lieu à la RN 15 via Vouaklan est terminé - restent les culées et les usagers pourront l'utiliser. Ce sera un grand soulagement et beaucoup de kilomètres de gagnés. Quant au sursaut économique de cette région, il ne sera effectif que lorsqu'un vaste programme agro-forestier sera lancé sérieusement et suivi rigoureusement avec toute l'hydraulique nécessaire, même de petite et moyenne taille, tenant compte de données nouvelles et de la réalité, sans oublier la formation de l'homme, car il est le seul garant de toute prospective.