L'agression israélienne contre les Palestiniens se poursuit, mais fait notable, elle n'a pas réussi à mettre fin aux tirs de roquettes artisanales palestiniennes. L'effet de ces dernières est davantage psychologique en ce sens que de tels actes font peur aux Israéliens. En tout cas, plus que les Palestiniens habitués malheureusement à ce déferlement de violence avec son lot de morts et de destructions. Ce qui est aussi remarquable après cinq jours, c'est que cette attaque est menée principalement à distance, évitant l'engagement de troupes au sol. Si tel venait à être le cas, ce serait véritablement l'enfer pour l'armée israélienne. Mais cela éloigne nettement de l'opération de police, ou de libération du soldat enlevé par un commando israélien. L'objectif de cette agression apparaît très nettement : terroriser la population palestinienne et amener ses leaders à toutes les formes de concessions. L'aviation israélienne a attaqué dans la ville de Gaza un bâtiment abritant le siège du ministère palestinien de l'Intérieur, causant d'importants dommages, a-t-on indiqué de source palestinienne, faisant quatre blessés. Enfin, toujours de même source, les appareils israéliens ont également attaqué et causé des dommages à une école privée du Hamas, située dans le nord de la ville de Ghaza. Une source sécuritaire palestinienne a, par ailleurs, fait état d'une opération durant laquelle des soldats israéliens, venus à bord d'une quinzaine de jeeps, ont entouré à Ramallah, en Cisjordanie, un bâtiment où réside le président du Conseil législatif palestinien (CLP-parlement), Aziz Dweïk. Une menace d'assassinat. Le message est clair. Le peuple palestinien a ses héros et ses martyrs. Plus que toujours, il réclame des hommes et des femmes suffisamment avisés pour le guider dans une phase décisive de son histoire qui ne vise rien d'autre qu'à le priver de ses droits. Israël l'a dit de manière suffisamment explicite, et le monde fait le sourd, voire ne s'oppose à la politique unilatérale d'Israël. D'ailleurs, son silence à l'égard de l'agression actuelle contre le peuple palestinien procède de cette complaisance, et même de la complicité. Pour les dirigeants palestiniens, et pour s'opposer à cette campagne, il faut rester en vie. C'est bien simple, c'est le bon sens qui le commande. C'est ainsi que le Premier ministre palestinien Ismaïl Haniyeh et ses ministres sont entrés dans une quasi-clandestinité après les menaces d'Israël, qui a déclaré une guerre ouverte aux dirigeants du Hamas, tenus pour responsables de l'enlèvement d'un de ses soldats. Réunion hebdomadaire du cabinet annulée mardi, celle du Parlement la semaine dernière, téléphones coupés, maisons d'amis transformées en refuge pour responsables traqués, le gouvernement du Hamas est plus que jamais sous pression israélienne. « Nous prenons tous des précautions à cause des menaces israéliennes. Nos vies sont en danger, comme les vies de tous les Palestiniens depuis le début de l'occupation », a affirmé le ministre de l'Information Youssef Rizqa. Israël a lancé une vaste agression dans la bande de Ghaza le 28 juin, après la capture par trois groupes armés, dont la branche armée du Hamas, d'un soldat israélien, le caporal Gilad Shalit, et tient le gouvernement pour responsable. « Tous les membres du gouvernement veulent continuer à remplir leur devoir vis-à-vis du peuple palestinien », a ajouté M. Rizqa. Mais cette tâche est devenue difficile, voire impossible, après un assaut israélien contre les symboles du pouvoir palestinien. Le 28 juin, un raid aérien a visé le ministère de l'Intérieur avant que le bureau d'Ismaïl Haniyeh ne soit pris pour cible deux jours après. Le 29 juin, dans une opération d'une ampleur sans précédent, pas moins de 64 ministres, députés, maires et autres responsables du Hamas en Cisjordanie ont été arrêtés. Et l'Etat hébreu a promis de poursuivre sa campagne anti-Hamas. « Nous ferons tout, je dis bien tout, pour libérer le soldat (...) Je le répète : personne ne sera épargné », a affirmé le Premier ministre israélien Ehud Olmert, qui a rejeté un ultimatum lancé par les ravisseurs du soldat. « Beaucoup de ministres ne peuvent pas aller à leur bureau car ils ont peur d'être la cible d'une attaque. Haniyeh nous a demandé d'accroître les mesures de protection », a indiqué un autre responsable du gouvernement sous le couvert de l'anonymat. Il a souligné qu'en raison des menaces croissantes d'assassinats, Haniyeh et plusieurs autres membres de son cabinet dormaient désormais dans des endroits différents toutes les nuits. « La maison de Haniyeh est vide depuis plusieurs jours. Il demeure désormais chez des amis en qui il a entièrement confiance », a ajouté ce responsable. Plus de coups de téléphone au portable pour éviter d'être repéré, changements fréquents de véhicules et d'itinéraires sont quelques unes des mesures prises par les dirigeants du Hamas. La coordination entre les ministres passe également essentiellement par fax et les réunions toujours au programme se tiennent secrètement. « Tout le monde sait qu'Israël veut tuer Haniyeh et détruire le gouvernement mais Israël a peur car il sait qu'il prendrait un gros risque alors qu'un de ses soldats est toujours retenu en otage », a estimé l'analyste palestinien Mkhaïmar Abou Sada. Haniyeh a été propulsé à la tête du gouvernement trois ans après l'assassinat par Israël du fondateur et chef spirituel du Hamas cheikh Ahmed Yassine, dont il était le secrétaire, et Abdelaziz Rantissi, le successeur de Yassine. Des assassinats dénoncés par l'ONU et des organisations de défense des droits de l'homme. Mais malheureusement sans effet. Jusqu'à quand ?