C'est un Ramadhan ordinaire que vivent les Palestiniens dans les territoires occupés. Comme cela se passe depuis le début de l'occupation de leurs terres en 1948, ils subissent la terreur mais sans jamais renoncer à ce rêve qui se transforme en cauchemar pour les Israéliens qui croient pouvoir venir à bout de ce souffle en recourant à ce qu'il y a de pire. Et comme toujours, les Palestiniens font face à un silence assourdissant de la communauté internationale traitée déjà de complice de ce terrorisme d'Etat. Quatorze Palestiniens ont été tués, depuis dimanche soir, par l'armée israélienne dans le sud de la bande de Ghaza que l'on disait évacuée après une première agression qui avait fait près de 150 tués palestiniens en l'espace de deux semaines. Comme pour la précédente qui s'était soldée par un échec de l'objectif annoncé, il est question encore une fois de mettre fin aux tirs d'obus de mortier sur des colonies juives. L'opération lancée tard dimanche à Khan Younès et son camp de réfugiés, se poursuivait hier matin. Et comme toujours, elle a mobilisé de gros moyens sans lesquels l'armée israélienne ne se hasarderait pas à se déployer sur certaines portions du territoire palestinien comme l'ont prouvé les rapports de la haute hiérarchie militaire qui mettaient en garde le Premier, ministre, Ariel Sharon contre une opération massive à l'intérieur du camp de Jabaliya également dans la bande de Ghaza. Les pertes israéliennes seraient trop élevées, et pour cela ils lui demandaient d'ordonner le retrait de la troupe. Et comme toujours, c'est une répression aveugle. Trois Palestiniens, dont un enfant de huit ans, ont été tués par des tirs israéliens hier, alors que huit autres ont péri dans la nuit, dont sept dans un raid d'hélicoptère, le douzième atteint par des tirs d'obus, et deux autres tués par balles par des soldats israéliens qui tiraient sur tout Palestinien qu'ils voyaient, selon des sources médicales et sécuritaires palestiniennes. Selon les mêmes sources, une trentaine de blindés et sept bulldozers israéliens, concentrés dans la soirée dans le secteur de Khan Younès, et appuyés par des hélicoptères, ont pénétré dimanche soir de 800 m en secteur autonome palestinien, occupant entièrement le quartier dit « autrichien » où les douze Palestiniens ont été tués. Outre ces douze morts et le bilan à la mi-journée demeurait provisoire, quelque 70 Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens et trois bâtiments abritant près de 60 personnes détruits depuis le début de l'incursion, selon des sources médicales et sécuritaires. Ce qui porte à 4526 le nombre de personnes tuées depuis le début de l'Intifadha, fin septembre 2000, dont 3496 Palestiniens et 956 Israéliens. Le ministre palestinien en charge des Négociations, Saêb Erakat, a dénoncé l'agression contre Khan Younès comme « une grave escalade militaire ». « A chaque fois que les décideurs en Israël parlent d'un retrait de la bande de Ghaza, le nombre de victimes palestiniennes dans cette région augmente », a déclaré M. Erakat. L'opération de l'armée a été, en effet, déclenchée quelques heures avant l'ouverture d'un débat crucial du parlement israélien qui doit discuter du plan de retrait de la bande de Ghaza du Premier ministre Ariel Sharon, avant de voter aujourd'hui. Crucial bien entendu pour Ariel Sharon et non pour les Palestiniens qui savent qu'un tel plan ne leur restituera aucun de leurs droits. C'est d'ailleurs, un proche de Sharon qui a révélé qu'un plan de ce genre n'a d'autre objectif que de geler les initiatives de paix. C'est donc un Ramadhan, avec la poursuite des opérations de résistance. Deux roquettes artisanales Qassam tirées hier à partir de la bande de Ghaza se sont abattues en territoire israélien. Un autre échec israélien.