Tandis que les chars israéliens se repliaient, hier, les Palestiniens comptaient leurs morts, et comme ils le font depuis 1948, ils se préparent à une nouvelle agression israélienne, considérant encore que le pire est toujours à venir, d'autant qu'Israël bénéficie d'une vaste complicité internationale qui fait barrage à toute forme de condamnation, et encore moins d'actions tendant à mettre fin à une injustice. En termes de bilan, le pourtant très discret Premier ministre palestinien Salam Fayyad, car on disait de lui qu'il est un homme de dossiers, et plus simplement un gestionnaire, a montré d'abord qu'il était Palestinien. Il a ainsi affirmé, hier, que l'agression militaire menée par l'armée israélienne contre Ghaza constituait « une agression sans précédent depuis 1967 », date de l'occupation des territoires palestiniens par Israël. « En dépit de l'annonce du retrait de l'armée israélienne, nous restons dans la zone de danger », a déclaré M. Fayyad à des journalistes à Ramallah en Cisjordanie. « Nous sommes dans une situation extrêmement dangereuse. L'agression israélienne est sans précédent depuis 1967 et dépasse même ce qui s'était passé alors », a ajouté M. Fayyad. Son ministre de la Santé a, quant à lui, dressé, hier, un bilan chiffré de cette agression. Aussi, apprendrons-nous, 117 Palestiniens, dont 22 enfants et douze femmes, ont été tués depuis samedi seulement dans le nord de la bande de Ghaza. En outre, quelque 80 Palestiniens ont été arrêtés par l'armée israélienne dans le nord de Ghaza. Le Hamas, qui a pris le contrôle la bande de Ghaza depuis juin dernier, a annoncé la mort de 37 de ses combattants dans les agressions israéliennes sur Ghaza, et celle d'une dizaine d'autres résistants à l'occupation israélienne. Mais retrait ou pas, un adolescent palestinien a été tué hier par des tirs de l'armée israélienne près d'une colonie juive dans la région de Ramallah, dans le nord de la Cisjordanie. Mohammad Saleh Shreiteh, 15 ans, a été mortellement touché d'une balle dans la tête lorsque les soldats ont ouvert le feu sur un groupe de jeunes Palestiniens. Le Hamas a toutefois affirmé hier que le retrait des troupes israéliennes du nord du territoire constituait « un échec » face aux combattants du mouvement islamiste. « Ce retrait est l'expression de l'échec des soldats israéliens face aux combattants d'Ezzedine Al Qassam (la branche armée du Hamas) et le début de l'échec de la campagne terrestre sioniste », a déclaré le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zouhri. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, « doit tirer la leçon de l'échec de ses soldats face aux combattants du Qassam à Jabaliya », a ajouté M. Abou Zouhri. Selon lui, « cette guerre proclamée par Israël n'atteindra pas ses objectifs ». Affirmant que les menaces israéliennes « ne nous font pas peur », il a averti Israël qu'il commettrait « une stupidité » s'il venait à prendre pour cible les chefs du Hamas. Et comme pour prouver l'échec, deux roquettes tirées par des Palestiniens se sont abattues hier matin sur la ville israélienne d'Ashkelon. L'un de ces engins de type Grad, d'une portée de 20 km, a frappé une maison de plein fouet provoquant un incendie et une femme a été légèrement blessée par l'explosion. Auparavant, quatre roquettes avaient été tirées en direction d'Israël sans faire de dégâts ni de blessés, selon une source militaire. La guerre n'a jamais rien réglé, elle n'a en tout cas jamais pu venir à bout de ce besoin pressant de liberté. Les Palestiniens, privés de tout, le démontrent chaque jour.