En réponse à la salve de critiques de son utilisation excessive de sa machine de guerre, Ehud Olmert estime que “personne n'a le droit moral de critiquer Israël pour exercer son droit à l'autodéfense”, même au prix d'exterminer le peuple palestinien. Devant la sauvagerie sans limites de l'armada israélienne à Gaza, les voix qui se sont élevées pour condamner la boucherie ne font qu'inciter l'Etat hébreu à poursuivre avec davantage de cruauté sa sale besogne. “Israël n'a aucune intention de cesser, ne serait-ce que pour un moment, les combats”, a déclaré Olmert à l'ouverture de la réunion hebdomadaire du gouvernement à Jérusalem. “Nous agirons selon le schéma décidé par le gouvernement, avec les moyens que nous aurons décidés et le calendrier que nous aurons fixé et la force que nous aurons décidé d'employer, sans répit”, a ajouté le Premier ministre israélien pour bien montrer au monde son mépris des condamnations d'où qu'elles viennent.Ce n'est pas nouveau, Israël s'est signalé, depuis sa création en 1948, par sa barbarie vis-à-vis du peuple palestinien. Après avoir crié sur tous les toits la douleur que leur ont fait subir les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale, pour s'attirer le maximum de sympathie, les Israéliens copient aujourd'hui leurs bourreaux d'hier pour exterminer les Palestiniens. Le pire est que Olmert et ses collaborateurs banalisent la mort des civils palestiniens de façon outrancière et choquante, en rejetant en bloc les condamnations et les critiques. Pour eux, les tirs de roquettes justifient toutes les atrocités et les souffrances qu'endurent les Palestiniens de Gaza. Sans états d'âme, ils ont ordonné la poursuite hier de la tuerie et menacent également de recourir à des moyens plus barbares. N'ayant que leurs yeux pour pleurer, les Palestiniens subissent et protestent, en vain. Pieds et poings liés, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne, a décidé de “suspendre” les négociations de paix avec Israël. En signe de protestation, il a annulé une rencontre prévue cette semaine avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert et celles prévues entre les équipes de négociateurs israéliens et palestiniens. Ces derniers ne pouvaient s'asseoir à la même table que leurs bourreaux. “Il est impensable que la réaction israélienne à des tirs de roquettes palestiniens, que nous condamnons, soit aussi terrible et effroyable”, a notamment déclaré Mahmoud Abbas. Selon son conseiller, Nabil Abou Roudeina, il a décidé hier de suspendre tous les contacts avec Israël pour protester contre l'offensive israélienne meurtrière en cours dans la bande de Gaza. “Les négociations sont suspendues comme tous les contacts à tous les niveaux car ils n'ont aucun sens au regard de l'agression israélienne”, a indiqué Nabil Abou Roudeina dans un communiqué. Des milliers de Palestiniens ont manifesté hier dans plusieurs villes et camps de réfugiés de Cisjordanie pour dénoncer l'opération israélienne dans la bande de Gaza, qui a fait 68 morts palestiniens depuis samedi. Ces défilés ont donné lieu à quelques incidents avec les forces israéliennes. Une vingtaine de Palestiniens au total ont été touchés par des tirs de balles en caoutchouc, selon des sources médicales palestiniennes. Par ailleurs, Saëb Erekat, l'un des principaux négociateurs palestiniens, a affirmé que “le processus de paix a été ruiné par les agressions israéliennes”, et que “les négociations sont enterrées sous les maisons détruites à Gaza”. Cette rupture, provoquée volontairement par les dirigeants israéliens à une période bien calculée, est le plus grand coup porté au processus engagé à Annapolis en novembre dernier. Un accord de paix israélo-palestinien en 2008 relève de l'utopie. Il n'est même pas envisageable à plus long terme. Pour Israël, qui veut la terre et la paix à la fois, le moment n'est pas propice pour un tel accord, car les conditions ne sont pas réunies pour déposséder les Palestiniens de tous leurs droits. K. ABDELKAMEL