Trois gardes communaux, en mission de reconnaissance et de contrôle au carré des martyrs de Ammale, une commune voisine de Lakhdaria, située à une trentaine de kilomètres au sud-est du chef-lieu de wilaya de Boumerdès, ont été blessés hier dans l'explosion d'une bombe artisanale, dont un a été grièvement atteint, selon une source locale. La patrouille de la garde communale devait inspecter les lieux tôt le matin pour permettre à la délégation officielle, qu'accompagne d'habitude une foule nombreuse, d'aller dans le cimetière se recueillir à la mémoire des martyrs de la région à l'occasion du 44e anniversaire de l'indépendance du pays. Mais elle a été surprise par la terrible explosion qui, heureusement, n'a pas fait de morts. On se rappelle encore l'horreur de l'attentat à la bombe au cimetière de Sidi Ali, à Mostaganem, le 1er novembre 1994, lors de la célébration du 40e anniversaire du déclenchement de la lutte pour la libération nationale. L'explosion avait tué 5 enfants et blessé 17 autres parmi les boy-scouts mobilisés pour égayer le rendez-vous. « Les terroristes ne s'attendaient certainement pas à cette inspection. L'engin était destiné à l'explosion au moment de l'arrivée de la foule qui d'habitude est composée de citoyens de différents âges dont des enfants, des moudjahidine, des notables et des responsables civils et militaires. Mais lorsque les terroristes se sont aperçus que leur plan allait être déjoué, ils ont préféré frapper quand même », pense un observateur de la scène sécuritaire locale commentant l'attentat d'hier à Ammale. L'explosion a chamboulé le programme des festivités de célébration de la fête de l'indépendance et de la jeunesse dans la commune qui ont simplement été annulées. C'est encore une fois par le moyen d'un téléphone portable que les terroristes ont actionné le détonateur de la bombe, précise notre source qui ajoute qu'un autre engin explosif a été désarmorcé par les artificiers de la gendarmerie arrivés sur les lieux en compagnie des forces de l'ANP stationnées dans la région, juste après l'explosion. L'attentat est attribué aux factions du GSPC activant dans la région et qui ont assassiné, l'été dernier, le maire de la localité. Le GSPC a ainsi choisi la date symbolique du 5 juillet pour rappeler son refus des propositions de paix formulées par le pouvoir à travers les textes de loi portant amnistie générale pour les terroristes islamistes afin de concrétiser son projet de réconciliation nationale. « Rappeler », parce que ce n'est pas la première fois que les groupes terroristes activant dans la région de Boumerdès font exploser des bombes artisanales dans des endroits à dense fréquentation ou commettent des attentats après l'annonce de ces mesures. En effet, le 30 mai dernier, une bombe artisanale a explosé à Boumerdès, dans l'allée principale de la ville, blessant deux policiers ainsi que 4 autres passagers. Trois semaines plus tard, une autre bombe explosera à la rentrée de la gare routière de la ville, dans ce qui était le périmètre du marché hebdomadaire. Celle-ci avait blessé trois policiers. Il ne se passe presque plus une semaine sans qu'on signale des attentats terroristes dans la région Est du département surtout. Cette recrudescence terroriste coïncide avec une grande offensive des forces de sécurité qui cible aussi bien les foyers en activité que les réseaux de soutien aux groupes armés dans les coins les plus touchés, tels Zemmouri, Dellys, Sidi Daoud, Ammale, Benchoud et Chabet El Ameur. Les forces de l'ANP utilisent jusqu'à l'arme lourde en s'attaquant aux maquis d'Azeroual, Djerrah et autres afin de détruire les abris des terroristes. Si l'on a annoncé plusieurs éliminations et captures dans les rangs des islamistes armés, on n'a cependant pas encore livré le bilan de l'opération que mène l'ANP dans la région de Boumerdès depuis près de deux mois, baptisée l'Araignée.