Sous prétexte de rechercher trois colons israéliens disparus le 12 juin, dans la région d'El Khalil dans la bande de Ghaza, l'armée israélienne poursuit ses bombardements. Ainsi, des avions de chasse de type F16, dont la force de démolition est considérable, et qui ne font face à aucun moyen de défense antiaérien, se font le plaisir de juger leur force de frappe et leur précision contre des cibles, généralement proches des agglomérations, lorsqu'elles ne le sont pas à l'intérieur même de certains quartiers. Pour le moment les multiples bombardements, surtout nocturnes, n'ont fait qu'une douzaine de blessés au total, généralement des enfants et des femmes, habitant à proximité des sites et des positions bombardées. Le peu de victimes s'explique par le fait qu'en temps de troubles sécuritaires, les hommes des factions palestiniennes armées, évacuent leurs positions et camps d'entraînement, cibles potentielles faciles pour les avions israéliens de tous genres. Par contre, les dégâts matériels sont importants, que ce soit dans les infrastructures ciblées ou dans les habitations voisines. Cette fois, parmi les cibles des F16 figurait des écoles et des lycées, alors que les élèves sont en plein examen du baccalauréat. Trois des cinq écoles endommagées dans les bombardements de la nuit de jeudi à vendredi sont dans la ville da Ghaza. Une à Beit Lahia, au nord, et une dans le camp de réfugiés de Nousseirat, au centre de l'enclave palestinienne. Bombardements nocturnes On ne peut citer les effroyables bombardements des F16 sans citer leur impact psychologique sur certaines catégories de la population, particulièrement les enfants et les femmes. Des enquêtes médicales ont prouvé qu'une grande partie des enfants Ghazaouis souffre de troubles du sommeil, de nervosité et de problèmes d'incontinence urinaire dues à des sentiments de peur causés par les grandes explosions durant les raids aériens. En Cisjordanie occupée où la présence des soldats d'occupation est effective sur le terrain, des milliers de soldats ont été déployés dans ce qui a été qualifié de la plus importante opération militaire depuis celle de 2002, bouclier de défense, en plein intifadha d'El Aqsa, déclenchée en septembre 2000. Dans cette aile des territoires palestiniens occupés, la répression israélienne prend d'autres formes. La ville d'El Khalil, près de laquelle ont disparu les trois colons israéliens, est sous état de siège. Personne ne peut entrer ou sortir de la ville depuis plus d'une semaine. Les maisons, les universités, les mosquées, les écoles, les sièges d'organisations de la société civile et d'autres institutions sont fouillés minutieusement, avec tout ce que cela comporte comme comportement haineux et raciste de soldats hautement embobinés contre tous ce qui n'est pas juif et israélien. Ce comportement est le même dans l'ensemble des villes et des villages de Cisjordanie occupée. La Cisjordanie sous état de siège Ce n'est qu'ainsi que peut être expliquée l'arrestation arbitraire de dizaines d'enfants et parfois leur assassinat de sang-froid comme ce jeune adolescent Mohamed Doudine, 14 ans, abattu dans la nuit de jeudi à vendredi dans la petite ville de Doura, au sud d'El Khalil. Les arrestations sont l'autre arme utilisée par les forces israéliennes. 47 citoyens ont été arrêtés dans la nuit de jeudi à vendredi. Au total plus de 350 Palestiniens sont déjà sous les verrous, parmi lesquels 51 anciens prisonniers libérés dans l'échange de prisonniers contre le soldat Shalit. Sami Al Aïssaoui, symbole de la lutte des prisonniers pour leur liberté, auteur de la plus longue grève de la faim de l'histoire, a été arrêtée dans la ville sainte d'El Qods. Comme le gouvernement israélien a officiellement accusé le mouvement Hamas de l'enlèvement des trois colons, plus de 200 détenus sont des dirigeants, dont Aziz Dweik, président du Conseil législatif, des députés et des militants du mouvement. Parmi les autres, il y a des militants du Fatah de Mahmoud Abbas, des partisans du Djihad islamique et d'autres factions palestiniennes. La direction palestinienne a condamné l'invasion israélienne des villes de la Cisjordanie occupée dépendant de sa responsabilité sécuritaire. Des colons trop coûteux… Malgré la coordination sécuritaire avec les services de sécurité de l'Autorité palestinienne, d'ailleurs représentant un des points essentiels de discorde dans la classe politique palestinienne, l'armée israélienne n'hésite pas à humilier les membres de ses services en opérant dans les zones dont ils sont responsables. Le président Mahmoud Abbas a accusé les kidnappeurs des trois colons de vouloir détruire le rêve de liberté des Palestiniens, tout en réaffirmant son opposition à toute forme d'intifadha armée. Pour le président palestinien, la liberté et l'indépendance ne seront réalisées qu'avec la sagesse. Des paroles fortement critiquées par le mouvement Hamas, qui, depuis le 2 juin, a cédé la gouvernance de la bande de Ghaza à un gouvernement de consensus national présidé par Rami El Hamdallah, interdit d'entrer à Doura, hier, par l'armée israélienne, pour participer aux obsèques du jeune Mohamad. L'escalade militaire israélienne n'est pas près d'être terminée, c'est ce qu'a promis le Premier ministre Benyamin Netannyahou de l'intérieur de la ville palestinienne d'El Khalil. En fait, à ce jour, aucun Palestinien n'a revendiqué sa responsabilité dans la disparition des colons israéliens...