Ce qu'il y a de constant dans la vie des mouvements palestiniens, c'est leur division, mais aussi le nombre de rendez-vous manqués pour établir une espèce d'unité que l'on sait d'ores et déjà précaire, car liée à des enjeux de pouvoir. Le fait est établi depuis janvier 2007, quand le mouvement Hamas a remporté la victoire aux élections législatives, organisées sous la pression des pays occidentaux qui voulaient un renouvellement de la direction palestinienne. Le Hamas a pris le pouvoir et s'est même emparé de la bande de Ghaza, désormais coupée du monde et vivant sous un blocus israélien. Pis encore, ce mouvement se prépare à d'autres échéances, plus précisément à l'élection présidentielle qui devrait se tenir en janvier prochain. Mais avant cette date, les Palestiniens ont convenu d'ouvrir un dialogue dit de réconciliation nationale et celui-ci semble voué à l'échec avec la situation, hier, dans la ville d'El Khalil en Cisjordanie, où quelque 550 policiers palestiniens armés ont été déployés en renfort en vue de renforcer l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas face aux islamistes du Hamas. L'information a été donnée par un responsable israélien. Le Hamas, qui a pris le contrôle de la bande de Ghaza en juin 2007 après un coup de force contre le mouvement Fatah de M. Abbas, a condamné ce déploiement, affirmant qu'il était destiné à « étrangler » le mouvement en Cisjordanie et à aider Israël, ce qui est la pire des accusations formulées contre l'Autorité palestinienne et cela laisse franchement dubitatif au regard du parcours de son président Mahmoud Abbas, lequel, il est vrai, demeure fermement opposé à ce qu'il appelle l'intifadha armée, autrement dit, les attaques anti-israéliennes qui produisent, selon lui, l'effet contraire de ce qui est recherché. Plus encore, Abbas entend rétablir la sécurité par un déploiement de sa police dans les principales villes palestiniennes afin de priver Israël de prétexte pour renforcer sa politique d'occupation ou envisager son prolongement par l'occupation de nouveaux territoires palestiniens. Le chef de la police palestinienne d'El Khalil, dans le sud de la Cisjordanie, Samih Al Saïfi, a confirmé « qu'environ 500 membres des services de sécurité palestiniens se sont déployés à El Khalil sans incident ». Mais, selon lui, ces renforts sont destinés à « mieux assurer l'ordre et la sécurité dans la ville ». Les policiers ont été déployés aux côtés de leurs 2400 collègues armés déjà présents dans la ville, à l'exception de la partie d'El Khalil où sont installés des centaines de colons juifs qui vont continuer à être protégés par des soldats israéliens, a poursuivi le responsable israélien. « Cette force de sécurité a pour mission d'étrangler le Hamas, de faire la chasse aux armes de la résistance et non pas à imposer la loi ou à protéger les citoyens et la nation », a affirmé un porte-parole du Hamas à Ghaza, Fawzi Barhoum. Ce déploiement « aide l'ennemi sioniste » dans sa lutte contre le Hamas qu'Israël considère comme une organisation terroriste, selon lui. Lors d'une réunion le 22 octobre, des responsables de l'administration militaire israélienne en Cisjordanie et ceux des services de sécurité palestiniens avaient coordonné le déploiement de ces renforts. Les interlocuteurs palestiniens avaient alors dit leur intention « de lancer une importante opération contre les fauteurs de troubles et ceux qui violent la loi dans la région d'El Khalil », avait indiqué un communiqué militaire israélien. Cette ville a été le théâtre ces derniers mois d'une vive tension entre l'Autorité palestinienne et le Hamas. La police palestinienne y a procédé à l'arrestation de dizaines de membres et sympathisants du Hamas et fermé les locaux d'associations liées au mouvement islamiste. Les forces de l'Autorité palestinienne y ont également découvert et détruit plusieurs ateliers de fabrication d'armes et d'explosifs du Hamas. Le Hamas avait répliqué en lançant, à l'aide de tracts ou de déclarations dans les médias, des menaces contre la police de la ville. Ce qui laisse alors très peu de place, sinon aucune, au processus de dialogue. Le Fatah a accepté le projet de plan de la médiation égyptienne pour l'aboutissement du dialogue national et la réconciliation entre les différentes factions palestiniennes, le jugeant « positif », a déclaré le chef de la délégation palestinienne, Nabil Chaâth. Ce dialogue global a notamment pour objectif un retour à la situation qui prévalait dans les territoires palestiniens avant la prise de contrôle par le mouvement Hamas de la bande de Ghaza en juin 2007. Le plan égyptien propose la formation d'un gouvernement d'union qui prépare les élections présidentielle et législatives, se charge de la vie courante des Palestiniens en Cisjordanie comme dans la bande de Ghaza et réforme les forces de sécurité palestiniennes. Le Hamas pourrait donc considérer ce déploiement comme un coup d'arrêt à ce processus. C'est donc la fin prématurée d'un espoir.