Un magistrat et un avocat ont été placés hier sous mandat de dépôt par le président du pôle judiciaire spécialisé de Constantine, avons-nous appris de sources judiciaires locales. Ils sont accusés de corruption en flagrant délit, abus de pouvoir et complicité. Il s'agit d'un conseiller auprès du président du tribunal administratif de la wilaya de Skikda et d'un jeune avocat – l'intermédiaire – inscrit au barreau local de Skikda. Le magistrat et l'avocat ont été arrêtés dimanche dernier en flagrant délit de corruption par la brigade mobile de la police judiciaire de Skikda (BMPJ). Selon les premières informations, les services de sécurité ont agi suite à une plainte déposée par un entrepreneur qui s'est présenté, il y a une dizaine de jours, aux policiers pour dénoncer une proposition de corruption émanant d'un juge. Il les informa que le magistrat est allé jusqu'à lui exiger une somme de 4 millions de dinars pour intervenir en sa faveur, via son avocat, dans une affaire administrative relevant de son tribunal. Sensible, cette affaire l'est de par le statut du suspect qui a poussé la sûreté de wilaya à saisir le procureur général près la cour de justice de Skikda pour décider des suites à réserver. Le procureur s'en est référé à sa hiérarchie, le ministère de la Justice, qui a donné immédiatement son accord pour que l'affaire soit traitée malgré sa sensibilité. Et c'est à partir de ce moment que les éléments de la BMPJ ont convenu de tendre une souricière au juge et à l'avocat suspects.Les policiers ont alors demandé à l'entrepreneur de «marchander» avec le magistrat pour le rassurer et éviter toute suspicion. Accompagné de son avocat, l'entrepreneur est alors allé voir le juge pour l'informer qu'il lui était impossible de donner la somme demandée, alors le juge accepta de revoir sa demande à la baisse et se contenta d'un million de dinars. Le stratagème du flagrant délit a été mis en marche en convenant avec le plaignant de photocopier les billets de banque d'une partie de la somme d'argent qu'il devait remettre au juge. Au bas de son domicile, le juge encaissa l'argent remis par la victime. En tenue civile, les policiers sont intervenus immédiatement pour arrêter en flagrant délit de corruption l'indélicat magistrat et l'avocat intermédiaire.