D'autres craintes pèsent également sur cette activité qui, s'accorde-t-on à dire, est menacée de disparition, si les «rumeurs» sur la création par des privés de boulangeries industrielles viennent à se confirmer. Des quelque 300 boulangeries qui exerçaient il y a encore quelques années dans la wilaya de Béjaïa, plus de la moitié ont baissé rideau. Six ont mis la clé sous le paillasson de janvier à juin. Ce constat est celui de la corporation des boulangers de la wilaya de Béjaïa qui a organisé dimanche, 22 juin, au niveau de l'hôtel Thiziri au chef-lieu de wilaya, une réunion ayant regroupé plus d'une cinquantaine de détenteurs de boulangeries dans toute la wilaya. Prévue pour faire le bilan annuel et le renouvellement du bureau de la corporation, la rencontre a permis aux boulangers présents d'exposer les difficultés auxquelles est confrontée leur activité. La principale étant la baisse du taux de profit des boulangers après la hausse des prix des matières premières. Une année et demie après l'augmentation «unilatérale» opérée par les boulangers sur le prix de la baguette de pain (de huit à dix dinars), ce nouveau tarif n'est toujours pas reconnu par l'administration. Le citoyen est de ce fait le seul à supporter cette hausse, au moment où le pouvoir d'achat ne cesse de se dégrader et que le pain demeure un aliment indispensable pour les ménages. «Les établissements publics (écoles, casernes militaires, résidences universitaires etc.) avec qui nous travaillons rejettent les facturations à 10 dinars la baguette ; les contrôleurs financiers ne valident que les factures tarifées à l'ancien prix (7,5 DA)», a informé un boulanger qui exerce au niveau du chef-lieu, rencontré sur les lieux. Pour le secrétaire général de la corporation, Rafik Mebarek, «l'état fait du social avec les boulangers qui sont aujourd'hui déficitaires». La revendication des boulangers étant depuis des années la fixation du taux de la marge bénéficiaire à 25% du prix de la baguette de pain. D'après le secrétaire de la corporation, des études entreprises par des commissions dépêchées par le ministère du Commerce ont montré que le coût de revient de la baguette est de 10 dinars, alors qu'elle est vendue à ce même prix. Ce qui fait que, selon notre interlocuteur, beaucoup de boulangers se sont retrouvés déficitaires, tandis que d'autres, plus faibles, ont tout simplement cessé d'exercer. Les boulangers sont unanimes à dire qu'«il ne sert à rien de ne subventionner que la farine, alors que d'autres produits entrant dans la fabrication du pain ne sont pas pris en considération». Parmi donc les revendications des boulangers, la fixation du prix du quintal de farine qui est actuellement de 2000 DA, après subvention par l'Etat de 100% (de 4000 à 2000 DA/q), à 1500 DA. D'autres craintes pèsent également sur cette activité qui, s'accorde-t-on à dire, est menacée de disparition, si les «rumeurs» sur la création par des privés de boulangeries industrielles viennent à se confirmer. Ce dont les boulangers ont fait état également lors de cette rencontre est la concurrence «déloyale» que leur livre le marché parallèle de pain. Sur cette question, les boulangers pointent du doigt la direction du Commerce à laquelle ils reprochent d'être «laxiste» vis-à-vis de ces commerces informels.