Suite à l'amenuisement constant de leur marge bénéficiaire, 14 500 boulangers menacent de changer d'activité. Ils cumulent des dettes envers les impôts, la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (CASNOS) et les banques. En l'absence d'un dialogue avec le ministère du Commerce, ils estiment que l'abandon de l'activité est l'ultime moyen pour éviter de continuer de subir les différentes hausses de prix des intrants sans que le prix du pain ne soit révisé. «Nous ne demandons qu'une hausse d'un dinar par baguette, que ce soit pour le pain ordinaire dont le prix est fixé par l'Etat à 7,5 DA ou le pain amélioré au prix de 8,5 DA», a revendiqué Youcef Kalafat, président de la Fédération nationale des boulangers affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Ce responsable nous a parlé aussi de l'attente observée par son organisation professionnelle pour être reçu par les ministres du Commerce et celui de la PME. «Nous voulons rencontrer le nouveau ministre du Commerce pour lui faire part des difficultés des boulangers. Quant au ministre de la PME, nous voulons réitérer notre appel en vue d'intégrer notre profession dans les activités artisanales qui ont bénéficié d'une exonératio n à vie des impôts à travers la loi de finances 2010», a-t-il expliqué. La fédération des boulangers interpelle le ministère du Commerce pour créer une commission ministérielle d'expertise en vue d'établir le prix de revient du pain pour pouvoir déterminer, par la suite, la marge bénéficiaire des boulangers. Si le ministère ne retient pas cette proposition, la fédération propose d'augmenter d'un dinar le prix de la baguette. La marge bénéficiaire en baisse Il reviendra, dans ce contexte, sur les différentes hausses des prix des intrants qui ont été multipliées par dizaines de fois pour certains produits comme l'huile. La farine est le seul produit subventionné et son prix est de 2000 DA/quintal, mais la levure, le sucre et l'huile (utilisé pour le pain amélioré) ont enregistré d'importantes hausses de prix. Outre ces produits, la main d'œuvre, l'électricité et l'eau ont connu aussi des augmentations au cours des dix dernières années. En 1996, lors de la fixation des prix du pain entre 7,5 et 8,5 DA, les boulangers, selon lui, «pouvaient réaliser une marge bénéficiaire de 20%, réduite au fil des années à 5%». Au nombre de 17 000 boulangers en 2000, la corporation ne compte que 14 500 professionnels. Un abandon justifié par le recul des gains auquel viennent se greffer des pertes engendrées par les coupures répétitives d'électricité engendrent un grand préjudice. En l'espace d'une heure de coupure de courant, le boulanger perd en moyenne 7500 DA, a-t-il relevé, soutenant que les boulangers ayant subi des pertes en 2009 n'ont pas encore été indemnisés par la Sonelgaz, malgré les incessantes réclamations. Hormis les wilayas d'Alger, Boumerdès et Tipaza, les boulangers des autres wilayas attendent toujours une éventuelle indemnisation. En prenant en considération l'expérience de l'été 2009, plusieurs boulangers comptent fermer pendant cette saison afin d'éviter de subir de nouvelles pertes. «Le mois d'août coïncidera avec le ramadhan qui risque d'enregistrer une pénurie de pain», s'est inquiété le président de la Fédération nationale des boulangers.