Beihdja Rahal est de retour dans les bacs, depuis jeudi dernier, avec un 23e album intitulé La nouba Mdjenba. Dans le cadre de la promotion de ce nouvel opus, elle donnera un concert unique, aujourd'hui, à la salle El Mougar d'Alger, suivi d'une mini-tournée nationale. Edité chez Bleda Editions, l'album en question est un régal pour les oreilles. Comme à son habitude, Beihdja Rahal signe, là, un album remarquablement élaboré. Pointilleuse et exigeante, elle se fait un devoir de gratifier son public, chaque année, d'un nouvel album. Il faut dire que la chanteuse de musique andalouse s'est lancée, depuis quelques années, dans l'enregistrement d'une série de noubas. Ce 23e album est donc le dixième de la deuxième série. La nouba Medjenab est un produit musical qui entre dans la continuité d'un travail de retransmission passionnant. Elle confie, d'ailleurs, qu'au début de cette quête, elle voulait enregistrer uniquement trois à quatre noubas mais au bout de la cinquième, elle a ressenti cette nécessité de faire un travail pédagogique de sauvegarde. «Mes enregistrements se déclinent sous la forme d'un travail pédagogique qui explique aux intéressés les modes de la nouba ainsi que toutes les pièces disponibles existantes dans le patrimoine musical andalou. En plus de cette passion pour l'enregistrement, il y a tout un travail pédagogique à l'honneur. Sans prétention aucune, ce genre de série d'enregistrements est d'un apport appréciable pour tout initié», dit-elle sur un ton connaisseur et modeste. Elle rassure en disant que tant qu'elle a de la voix et de l'énergie, il y aura une suite dans cette série d'enregistrements. D'une durée d'un peu plus de 77 minutes, La nouba Mdjenba se caractérise par un inquileb mawal, interprété dans le mode djarka suivi d'un inquileb. La nouveauté de cet album repose sur le retour de la touchia raml. Pour rappel, l'artiste n'a plus interprété de touchiate depuis son tout premier album en 1995. Elle reconnaît que la touchia raml est peu interprétée de nos jours. La nouba commence par un mcedar suivi de quatre délicieux insirafates. Au fil d'une écoute des plus agréables, on se rend compte très vite que Beihdja Rahal gratifie ses mélomanes d'un album doté d'une recherche de pièces musicales rarissimes et peu interprétées. A la question de savoir comment se fait la sélection des textes, la chanteuse a révélé qu'il est difficile de porter son choix sur toutes les pièces musicales existantes. Il y a énormément de matière. Pour les besoins de l'enregistrement de cet album qui s'est étalé sur un mois, la chanteuse arabe andalouse a fait appel pour la énième fois à des musiciens chevronnés, à l'image de Nadji Hamma au oud, Mohamed El Amine Belouni au oud, Djamel Kebladj à l'alto, Abdelhadi Boukoura à l'alto, Mansour Brahimi à la mandoline, Rafik Sahbi au qanoun, Halim Guermi au ney, Sofiane Bouchafa à la derbouka et Khaled Ghazi au tar. «On ne change jamais une équipe qui gagne», lance-t-elle. En fine observatrice, Beihdja Rahal a remarqué cette émergence de voix féminines andalouses sur la scène artistique algérienne. Cependant, elle met en garde ces artistes en herbe de ne point se presser. «On a le temps. Le chemin est encore long pour atteindre la gloire et la notoriété», conseille-t-elle. Il est à noter qu'après ce concert unique voulu dans la capitale, l'artiste Beihdja Rahal effectuera une mini tournée — sous la houlette de l'ONCI — qui la conduira respectivement, le 9 juillet à Mostaganem, le 19 juillet à Relizane et le 15 juillet à Mascara. Son rêve est de se produire dans un futur proche dans le sud du pays. Un rêve qu'elle espère réaliser dès que l'opportunité se présentera.