“Sur un air de nouba”. Tel est l'intitulé du nouveau produit de la chanteuse algérienne, établie en France, Beihdja Rahal. Avec ce double album, c'est le patrimoine arabo-andalou qui est enrichi. C'est également une progression conséquente vers la sauvegarde de ce patrimoine musical, dont l'Algérie est fière. Disponible sur le marché – au plus grand bonheur des mélomanes et autres amoureux de la musique andalouse – ce nouvel opus est composé de deux noubas : mdjenba et mezmûm. Elles sont également accompagnées d'un livret contenant des traductions des poèmes chantés (en français, par Saâdane Benbabaâli pour la première nouba, et Farouk Tazerouti, pour la seconde. La traduction en anglais est signée Reena Khandpur), d'un texte sur l'art de la nouba, par Jessie Magana, le portrait de la chanteuse, par Rabah Mezaoune, ainsi que deux présentations, une générale par Hadj Omar Bensemmane, et une autre de la nouba mdjenba, par l'artiste. Cette nouba, dont le nom signifie “partie antérieure” ou “flanc” est “celle que l'on joue au moment où le soleil, après son lever, commence à s'élever du côté du sud, au flanc du ciel”. Le choix de la nouba m'djenba n'est pas fortuit. C'est “celle qui exprime le mieux le réveil du jour”. Elle renvoie également à un “éveil progressif, à une reprise de conscience”, rappelant l'adage très connu : “l'espoir fait toujours vivre”. D'une voix “mouvante”, chaude, contenant ce “vibrato” qui lui est très spécial, Beihdja Rahal interprète, comme à son accoutumée, des “pièces connues” du répertoire musical andalou, mais également des “perles vouées à l'oubli”, car aucunement visitées. À travers cet album qui aborde la joie et le plaisir d'aimer, la chanteuse nous livre un “miroir du cœur de l'amant qui souffre”. C'est avec une mélancolie empreinte de tristesse et de langueur désespérée que Beihdja Rahal chante cette nouba dans la vraie tradition andalouse. On y décèle une sincérité dans l'interprétation, une sensibilité qui touche le cœur. Avec Sur un air de nouba, Beihdja Rahal ne compte sûrement pas s'arrêter en si bon chemin. “L'andalou est ici porté à son firmament” avec cette chanteuse qui est la première à avoir enregistré les douze modes de la musique andalouse, qui jusque-là étaient la “chasse gardée des hommes”.