Une étude de l'Insee décrypte les modes de vie des étrangers en France. Il en ressort que les immigrés sont plus attachés au mariage. Paris De notre correspondant L'étude s'est focalisée sur la région francilienne, mais peut être généralisée à l'ensemble du territoire français. «En Île-de-France comme en province, les immigrés apparaissent, dans l'ensemble, plus attachés au mariage et à la famille traditionnelle que la population majoritaire. Les immigrés franciliens vivent toutefois davantage seuls et élèvent plus souvent seuls leurs enfants que les immigrés résidant en province. Les descendants d'immigrés et les couples mixtes connaissent des situations familiales intermédiaires, entre celles des immigrés et celles des Franciliens sans lien direct avec l'immigration. Ces constats sont toutefois à nuancer selon le pays d'origine des immigrés ou des parents des descendants», notent les auteures de l'étude, Nathalie Couleaud et Claire Decondé (Insee Île-de-France), Mariette Sagot (IAU Île-de-France). Le mariage semble être une valeur sûre. Le passage devant Monsieur le maire fait moins peur aux immigrés qu'au reste de la population. Ce phénomène tient-il davantage à l'héritage religieux et culturel ? En Île-de-France, 85% des immigrés vivant en couple sont mariés, contre 71% des couples de la population majoritaire ou des descendants d'immigrés. Ils vivent près de deux fois moins souvent en union libre (13% contre 24% des couples de la population majoritaire) et sont peu séduits par le PACS (2% contre 5%). «Les plus enclins à se marier, en Île-de-France, comme en province, viennent de pays de culture musulmane : 93% des immigrés franciliens du Maghreb vivant en couple et 95% de ceux originaires de Turquie sont mariés. Ils ont au minimum trois fois plus de chances d'être mariés que les immigrés venant d'autres pays, toute chose égale par ailleurs (âge, sexe, diplôme, qualité d'immigré ou non du conjoint)», remarquent les deux auteures. Par ailleurs, les immigrés franciliens déclarent davantage vivre en couple (70% des adultes) que les descendants d'immigrés (66%) ou que la population majoritaire (64%). La mise en couple dépend surtout de l'âge (moins fréquente en début et en fin de vie adulte), puis du sexe (les femmes vivent plus souvent en couple), du lien à l'immigration et, enfin, du diplôme (avant 30 ans, les moins diplômés sont plus fréquemment en couple). A l'image de la population totale immigrée francilienne, 70% des immigrés du Maghreb sont en couple et 68% d'entre eux ont un conjoint immigré. A l'opposé, les immigrés de l'Afrique subsaharienne, issus de vagues d'immigration plus récentes, vivent nettement moins souvent avec un conjoint (59%). Il en est de même en province. Il s'agit d'une population plus masculine et plus jeune (47% ont moins de 40 ans contre 38% de l'ensemble des immigrés). Pour les immigrés, comme pour les descendants, la propension à vivre en couple diffère fortement selon l'origine géographique. La part des couples parmi les immigrés portugais est particulièrement élevée dans la région Île-de-France (83%), au regard notamment des immigrés espagnols et italiens (60%), d'immigration plus ancienne ou ceux du reste de l'Europe (64%), plus diplômés. C'est aussi le cas en province. A mêmes âge, diplôme et sexe, les immigrés portugais sont 2,5 fois plus souvent en couple que les immigrés espagnols et italiens, et 2 fois plus que ceux du Maghreb. Leur séparation est moins fréquente. Les trois quarts vivent en couple avec un autre immigré, un sur deux seulement pour les immigrés espagnols et italiens. L'endogamie est aussi plus répandue, puisque, dans 94% des cas, le conjoint immigré est originaire du même pays (72% pour les autres immigrés d'Europe du sud). Ils sont, de fait, arrivés plus fréquemment en couple en France.