Il existe de très fortes disparités entre les immigrés et la population majoritaire en France concernant l'accès aux différentes ressources de la vie sociale (logement, langue et éducation, emploi, loisirs, services publics et prestations sociales), dévoile une enquête sur la diversité des populations dans ce pays. Cette enquête, intitulée «Trajectoires et origines : enquête sur la diversité des populations en France», a été menée auprès de plus de 20 000 immigrés et descendants d'immigrés interrogés entre 2008 et 2009. L'enquête est publiée par les instituts français des statistiques et des études économiques (Insee) et des études démographiques (Ined). Dès l'école, les résultats de cette enquête destinée à connaître les conditions de vie de cette population relèvent que les sorties sans diplôme du système éducatif sont plus nombreuses chez les descendants d'immigrés (13% contre 8% pour la population majoritaire), en particulier chez les personnes originaires de Turquie, du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne. En moyenne, les enfants d'immigrés sont moins souvent diplômés du supérieur que la population majoritaire (29% contre 34%), même si les filles tirent globalement mieux leur épingle du jeu. Sur le front de l'emploi, l'enquête montre que le taux de chômage de l'ensemble des hommes immigrés est de 11%, contre 8% pour la population majoritaire homme, mais surtout que la situation est pire pour les hommes enfants d'immigrés que pour les immigrés eux-mêmes, avec 13% de taux de chômage. Il est précisé ainsi que 21% des enfants (hommes) d'immigrés d'Afrique subsaharienne et 17% des enfants (hommes) d'immigrés du Maghreb sont au chômage, soit plus du double des hommes de la population majoritaire. Chez les femmes, le taux monte à 29% pour les descendantes d'immigrés d'Afrique subsaharienne, soit près de trois fois le taux de chômage des femmes de la population majoritaire (10%). Les immigrés et descendants d'immigrés sont également moins bien payés que la population majoritaire. Quant à l'expérience directe du racisme, ce sont les descendants d'immigrés, et non les immigrés eux-mêmes, qui affirment en avoir été le plus souvent victimes. 36% des descendants d'immigrés disent avoir été la cible de propos ou d'attitudes racistes, alors même qu'étant les plus jeunes de l'échantillon, ils ont une expérience de vie plus courte. «La couleur de la peau, puis l'origine et la religion constituent les principales sources de stigmatisation», affirme l'étude. Au niveau familial, l'enquête confirme l'importance des couples mixtes, malgré des pratiques discriminatoires persistantes. Ainsi, 40% des immigrés vivent en couple avec une personne de la population majoritaire, du côté des descendants, dans 65% des cas, ils se marient avec un Français de souche. Ceux qui choisissent un conjoint descendant d'un immigré issu du même courant migratoire forment une minorité (9%).