Le malaise des quartiers périphériques des grandes villes se confirme l Le dernier document, présenté par l'Observatoire national des zones urbaines sensibles, ne s'embarrasse pas de la langue de bois, mais laisse un goût amer sur ces zones en voie de ghettoïsation. Lyon De notre correspondant Les chiffres sont têtus et contredisent les efforts déployés depuis plus de 30 ans pour réduire les écarts entre les zones urbaines sensibles et les villes que le rapport de l'Observatoire national des zones sensibles (Onzus) désigne sous le terme d'unités urbaines englobantes. Les dernières données connues, collectées par l'Ined et l'Insee confirment d'abord la présence majoritaire des étrangers dans la population de ces zones. Le constat n'est pas réjouissant : «Plus d'une personne sur deux résidant en Zus est immigrée ou descendante d'immigrés». Ce taux monte à 64% dans les banlieues parisiennes. «La situation socio-économique de ces personnes est sensiblement plus difficile que celle du reste de la population, notamment en Zus : elles sont plus exposées au chômage, occupent plus souvent des emplois moins qualifiés et touchent des salaires moins élevés». Voilà résumées les conclusions de l'Observatoire auquel il a été demandé par le Haut conseil à l'intégration et la défunte Halde de faire une large place «à la situation des immigrés et des descendants d'immigrés et à la question des discriminations». Or, qu'apprend-on ? Que «la moitié des habitants des Zus ne dispose d'aucun diplôme supérieur au brevet des collèges contre un tiers dans les unités urbaines englobantes. Le taux d'activité des 15-64 ans en Zus (66%) est inférieur de cinq points à celui observé ailleurs (71%) ; les écarts les plus marqués entre les Zus et leurs agglomérations se situent chez les femmes (taux d'activité de 59% en Zus contre 66% dans leurs unités urbaines)». Chômage et précarité plus élevés Au niveau de l'emploi, «le taux de chômage des immigrés et des descendants d'immigrés est globalement plus élevé que celui du reste de la population. Immigrés et descendants d'immigrés sont par ailleurs plus souvent au chômage lorsqu'ils vivent en Zus que lorsqu'ils vivent hors Zus. Lorsqu'ils sont en emploi, les immigrés et les descendants d'immigrés touchent en outre des salaires en moyenne moins élevés. En Zus, notamment, les salaires des immigrés sont plus concentrés autour du Smic que ceux de l'ensemble de la population. Le type d'emploi occupé par les immigrés et les descendants d'immigrés diffère également de celui du reste de la population : aussi bien pour les hommes que pour les femmes, ils sont plus souvent ouvriers que cadres». Question santé, le document apporte des conclusions accablantes : «Les immigrés se déclarent moins souvent en bonne ou très bonne santé que le reste de la population, mais les différences s'atténuent en Zus». Pourtant, «plus de 97% des descendants d'immigrés ont la nationalité française, que ce soit en Zus ou hors Zus. Près d'un immigré sur quatre a acquis la nationalité française. Ce taux dépasse 80% pour les immigrés originaires du Vietnam, du Laos et du Cambodge. Deux tiers des descendants d'immigrés et un tiers des immigrés ont un conjoint qui est lui-même immigré ou descendant d'immigré.» Enfin, et c'est peut-être là un autre enseignement de ce rapport, le sentiment de la discrimination ou du racisme est largement partagé : «Environ 20% des immigrés et des descendants d'immigrés pensent avoir été victimes de traitements inégalitaires ou de discriminations en raison de leur couleur de peau, de leur nationalité ou de leur origine. Il apparaît que le ressenti de discriminations en raison du quartier où l'on vit va souvent de pair avec celui de discriminations en raison de l'origine ou de la couleur de peau : ainsi, les personnes estimant avoir été victimes de discriminations raciales pensent 17 fois plus souvent que les autres avoir également été victimes de discriminations territoriales. Alors qu'en Zus comme hors Zus, près de neuf descendants d'immigrés sur dix se déclarent d'accord avec la proposition ‘‘je me sens Français'', seulement 57% d'entre eux en Zus et 79% hors Zus se déclarent d'accord avec la proposition ‘‘on me voit comme un Français''. «Ce sentiment de rejet est fortement corrélé au sentiment de discrimination.» Les résultats qui seront affinés par des prochains travaux serviront notamment de base pour les futurs contrats urbains de cohésion sociale. L'Onzus, créé pour observer l'évolution des indicateurs de la situation socio-économique des zones urbaines sensibles associés à la loi du 1er août 2003, avait pour mission première de mesurer l'évolution des écarts entre les Zus et le reste des agglomérations et de présenter ces résultats aux acteurs de la politique de la ville : gouvernement et Parlement au niveau national, mais aussi collectivités territoriales et citoyens.