L'incendie qui avait coûté la vie au jeune Hakim Allouache, le 7 avril 2004, était-il d'origine criminelle ou bien s'agit-il d'un déplorable accident ? Seul le tribunal près la cour de Tizi Ouzou est en mesure de trancher. Cependant, les magistrats ne sont pas, semble-t-il, pressés de traiter cette affaire, bien que deux prévenus soient en prison depuis plus de deux ans, sans que, pour le moment, la preuve de leur culpabilité soit encore établie. Identification La famille Allouache, affligée par la perte d'un être cher, n'a pas tardé, on s'en souvient, à désigner les « coupables » : deux proches parents du président du RCD. Que s'est-il réellement passé à Fréha à la veille de l'élection présidentielle du 8 avril 2004 ? « L'accusation portée contre ces deux prévenus n'est pas inventée. Ils ont été identifiés par des témoins ayant apporté leur déposition au commissariat de police de Azazga au lendemain de l'assassinat de mon frère. Ils sont six à constituer la pléthore des témoins qui sont déjà entendus par le juge instructeur près le tribunal de Azazga », a souligné, dans les colonnes d'un quotidien national, le frère de Hakim. Le RCD, en revanche, n'a pas voulu séparer ce triste événement du contexte politique de l'époque. « Un kiosque vendant parfums et autres cosmétiques est carrément incendié. Le frère du propriétaire, qui y avait fait des travaux de soudure la veille, ne peut se réveiller malgré la chaleur et les odeurs qui s'y propagent. Alertés par la fumée et les flammes, deux militants du RCD, de garde dans le local RCD voisin, interviennent, forcent la porte et découvrent le dormeur, inanimé mais vivant. Ils le prennent en charge et vont l'évacuer peu après vers l'hôpital de Azazga, où il décédera peu après. Ces secouristes sont ceux-là mêmes que la police convoque quelques jours plus tard », a noté le RCD dans un document transmis à notre rédaction. « Obtempérant tout naturellement à cette convocation, les deux inculpés, parents proches du président du RCD, sont aussitôt écroués », est-il ajouté dans le document. Pour les rédacteurs de ce texte, l'instruction a été menée uniquement à charge. « Termes douteux » « Le juge d'instruction refuse même d'entendre toute autre personne, y compris celles rendues victimes de subornation de témoin », est-il précisé. « La reconstitution des faits est exécutée aussi dans des termes douteux tandis que la chambre d'accusation, comme la cour suprême, confirment, de leur côté, une procédure grossièrement tendancieuse (...) L'un des prévenus, excellent étudiant, se verra même refuser le droit de passer ses examens, malgré l'accord du comité pédagogique de son institut et, surtout, la loi qui l'y autorise », est-il noté dans l'écrit du RCD. Compte tenu de tous ces éléments, conclut le RCD, « l'incendie du kiosque de Fréha semble avoir été dicté par le souci de perturber le vote, y compris dans la région d'origine du candidat Sadi, de provoquer et d'entretenir des tensions dans la région, en montant des agressions devant opposer durablement le RCD avec les relais locaux du pouvoir, de terroriser les citoyens, plus particulièrement les étudiants, en montrant que même la famille d'un responsable politique n'échappe pas à l'arbitraire de Bouteflika ».