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Algérie : Grand fournisseur, petite communauté
15,5 Milliards de dollars de volume d'échanges entre l'Algérie et l'Espagne
Publié dans El Watan le 12 - 07 - 2014

Alicante, 25 mai. Il est 7 heures, le Tassili II est comme tous les jours au rendez-vous du soleil levant . Il est à la manœuvre de port. Une vingtaine de minutes plus tard, une longue chaîne humaine se forme sur le pont reliant le car-ferry au vieux hangar faisant office de gare maritime pour Algériens, après que le pavillon national eut été délocalisé à des kilomètres de la grande gare maritime d'Alicante.
Quelques familles et des fournées interminables de jeunes, moins jeunes, adultes, jouant des coudes pour embrasser le premier le guichet de sortie, certains en claquettes, pantacourt… pressant le pas au dessus de l'interminable passerelle. De la soute sortent des dizaines de véhicules. Des voitures neuves, immatriculées en Algérie, extraites les premières à l'aide d'un clark. En panne, visiblement. Des voitures accidentées, etc. Dans le hall du «hangar», un guardia tente de remettre toute les dix secondes du sens dans une file grosse de désordre.
Le navire algérien (construit en Espagne et livré en 2004) avec plus de 1300 places de capacité, repart sur Oran dans la soirée même et le guichetier, employé de la compagnie Algérie Ferries, encaisse, le geste frénétique, découpe avec fracas les billets et tend les sésames à ses clients pressés de gravir un Tassili II en mesure d'évacuer la moitié de la ville. «Les billets achetés en dehors de ce guichet ne sont pas valables», indique la pancarte en arabe . Le parking déborde de véhicules bardés de marchandises.
Des familles émigrées rentrant au bercail, comme Amar de Nedroma, illettré, parti à 17 ans travailler à Nantes. 6o années de dur labeur ont entortillé la tôle du chibani. «En famille, je préfère partir par Alicante que par Marseille», dit-il. «F'Marseille, Al heya Ouara ». Amar redoute les rôdeurs et braqueurs des aires de repos, mais également les douaniers et «pafistes» du port phocéen. «Là bas, c'est la maffia», conjure-t-il. L'euro, en hausse vertigineuse, 1euro pour 154 dinars, occupe les discussions des «b'snassia», petits affairistes et autres porteurs de cabas et valises, qui trépignent d'impatience à l'entrée de la gare. L'œil sur leurs emplettes (textiles, vêtements et chaussures…) ou sur leur véhicule, gobelet de café à la main et cigarette aspirée jusqu'à la dernière nicotine, ils attendront le début de l'après-midi pour embarquer.
Des taxis clandestins déversent en continu des groupes de trabendistes ramassés à Plaza Luceros et à Santa Lucia, reconverties en stations de taxis clandestins. Trois euros la course. «Il arrive parfois que le pont, le grand pont (du navire) soit submergé de gros sacs, cabas, valises», raconte un retraité de la région parisienne, «Le capitaine du navire n'en peut plus. Même les ampoules et voyants lumineux sont parfois démontés par des passagers soucieux de ne pas être dérangés dans leur sommeil». Le 25 janvier 2013, suite à une immobilisation de 48 heures du car-ferry Tassili II, à cause du «mauvais temps», un Algérien de 36 ans se jeta par-dessus bord, allant s'écraser à même le quai.
Naufragés du Stanbrook vs pieds- noirs d'Algérie
Consulat d'Algérie à Alicante. Derrière l'œuvre d'art du Mercado, le marché central de la ville, dans une venelle étroite, calle Pinto Velazquez, terré loin des grands boulevards d'Alicante, le consulat d'Algérie, ouvert il y a à peine trois ans. Un immeuble quelconque, sans relief, ne payant pas de mine pour un pays dont l'Espagne fait office de premier client avec 15 milliards de dollars/an de volume d'échanges (2013). Le consulat n'est reconnaissable qu'au seul drapeau algérien accroché au-dessus d'une porte étroite, bouchée en permanence par les camions de livraison de la compagnie Frimur dont un grand dépôt se trouve à côté.
De petits groupes de compatriotes font le pied de grue, sacs sur le trottoir étroit, attendant des heures qu'on les appelle, qui pour une carte consulaire, qui pour un 12 S, ou un passeport biométrique…«Comment voulez-vous qu'on s'installe sur les grands boulevards alors que là déjà où nous sommes, nous ne manquons pas de plaintes pour nuisances multiples», commente un employé du consulat.Une communauté éclatée, dispatchée à travers les provinces d'Andalousie, de la Costa Del Sol ou des villes de la Costa Blanca. Venus sans rendez-vous, reconnaissables à leurs gros sacs posés à même les aires de stationnement, où sur le trottoir, des ouvriers du BTP, cuits au chômage, plient sous le poids de l'angoisse, de la crise économique, qui frappe en premier et durement les travailleurs étrangers, originaires des pays du Sud.
La cinquantaine, M'hamed et Kada, maçons venus de Relizane, s'inquiètent de ne pouvoir envoyer de l'argent à leur famille, renvoyées en Algérie à cause de la crise. «Cela fait des semaines que je n'ai pas travaillé et n'étaient les aides de la Croix- Rouge, je serais mort de faim». Officiellement, ils sont 26 000 Algériens à vivre dans les provinces du sud de l'Espagne. Plaza Nueva Alicante. Derrière son comptoir à la Dulcinée, le café bar de la Plaza Nueva Alicante, Salvador Menchès, visage émacié, moustache empruntée à Don Quichote, né français, en Algérie, de parents espagnols naturalisés français (loi de 1889). «Je suis né à Hydra», raconte-t-il dans un français impeccable. Fuyant la guerre civile, son grand-père et mon père se sont installés d'abord au Maroc, puis en Algérie, louant une boulangerie non loin de la placette d'Hydra. «A 15 ans, on pensait à rien. On ne faisait pas de politique.
C'était le vélo, les filles. Ma famille a dû repartir en Espagne en 1961 à cause d'un différend avec le propriétaire français. J'y avais laissé tous mes copains et mes souvenirs de jeunesse ». Sur le mur de son bar, le portrait que lui a tiré un journal local et des bibelots, des souvenirs de la «belle époque». «Vous savez ce que demain je ferais s'il y avait une autre guerre civile, eben, je m'en irais d'ici», lance-t-il en riant de bon cœur . Puissant lobby, la forte communauté de pieds- noirs (30 à 40 000 Espagnols et de Français d'Algérie partis à l'indépendance), dont des militants de l'OAS, ont trouvé à Alicante la terre d'«asile», dont le climat, le soleil et la Méditerranée rappelaient Oran et ses trois siècles de domination espagnole.Vendredi 30 mai. Le Stanbrook, la réplique du bateau britannique, mouille au port d'Oran.
A son bord 93 exilés et descendants d'exilés républicains espagnols. Le 29 mars 1939, la veille de la prise d'Alicante par les troupes du général Franco, le Stanbrook était le dernier bateau a avoir quitté la ville pour Oran. A son bord, plus de 3000 républicains et leur famille fuyant la guerre civile.
Refoulé historique
Université d'Alicante. 22 mai. Au dernier étage du bâtiment universitaire, un atelier de broderie sur tissu est dispensée par des membres de l'association El-Djazaïria, présidée par une ancienne fonctionnaire d'Air Algérie, Rabea Djallal. Son association dispense des cours d'arabe, de danse algérienne, de gastronomie, en son siège non loin du Granvia, les quartiers dits «difficiles» et où se concentrent les communautés roms et maghrébine, et sa présidente anime également une émission (A orillas del Mediterraneo) sur Artegalia, une radio web locale. «Faire connaître les arts et la culture algériens, améliorer l'image de l'Algérie et des Algériens, sont les objectifs de l'association», dit-elle. Une quarantaine d'adhérents, presque tous espagnols.
Des associations, il n'en existe presque pas au sein de la communauté algérienne établie et / ou en migration dans les provinces du sud de l'Espagne. «Il n'y a même pas un centre culturel algérien en Espagne», déplore Josefina. Férue de Boualem Sensal et de Yasmina Khadra, Josefina Bueno Alonso, professeur de littérature française, directrice de la Sede Ciudad, département de l'université d'Alicante centré sur la ville et sa population, regrette qu'entre l'Espagne et l'Algérie, «pourtant si proches, par l'histoire, la géographie et le business ne fassent pas un effort pour une meilleure connaissance mutuelle». «Le refoulé historique peut, selon elle, expliquer le pourquoi de cette distance mutuellement admise».
Epilogue andalou
Cordoba (Cordoue). 26 mai. Il est 2 heures du matin . Le cœur battant et centre historique de l'Andalousie (711-1492) brille de mille feux. Il est minuit, l'ancienne capitale de l'Andalousie est ivre de sa Feria de Mayo, un festival venu du fond des âges, du 13e siècle et où les arts andalous : musique, gastronomie, danse (sévillane), flamenco…sont célébrés en transe, au parc Al Arenal, aux bords du fleuve Guadalquivir. Au petit matin, encore groggy, la ville dévoile ses trésors légués par les siècles de rayonnement islamique en Espagne (notamment durant le califat de Cordoue, dit le califat de l'Occident).
Sa médina, ses faubourgs et rabad adossés aux imposantes fortifications, racontent l'âge d'or de la civilisation arabo-mauresque. Riches Alcazars et castillons, parcs et jardins d'Eden postés à chaque coin de rue, des cascades, des fontaines, des jets d'eau, une ville-oasis dans ce sud d'Espagne promis depuis toujours aux étés les plus chauds d'Europe avec des températures dépassant les 40ºC. Mille et une statues y sont érigées à la gloire de ses saint(e)s dont le patron est Saint Raphaël, de ses puissants rois et reines et ses grands esprits : Averroès, Ibn Hazm, Ibn Hayane, Maimonide… Témoin vivant de cette Andalousie des grandeurs et des lumières, la sublime mosquée de Cordoue, classée patrimoine universel, arbore le port fier.
Transformée en cathédrale, la Aljama est interdite de prière pour les musulmans. «No, you can't pray here», répond un gardien, sans doute de ces descendants des rois catholiques dont Ferdinand III de Castille qui a repris Cordoue (1236), deux siècles avant la Reconquista (1492) et l'épilogue andalou. «It was Aljama, but that's before», coupe-t-il court. «Parvenus à la plus haute fortune en Espagne, sous la seconde dynastie omeyyade, les Arabes se virent en possession d'une gloire et d'un bien-être qui n'avait jamais été le partage d'aucun autre peuple. Entourés des biens du monde et livrés aux plaisirs, ils s'étendirent sur la couche de la mollesse et, savourant les délices de la vie, ils tombèrent dans un long sommeil, à l'ombre de la gloire et de la paix ( …)», notait Ibn Khaldun dans Histoires des Arabes et des Berbères.


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