Quatre-vingt-quatorze descendants de réfugiés espagnols ont foulé le sol de l'Algérie pour la première fois, là où débarquèrent leurs parents et grands-parents au port d'Oran à bord du bateau "Stanbrook" en 1939. "3 000 personnes en provenance d'Alicante ont embarqué sur ce vieux cargo charbonnier anglais dans des conditions dramatiques, les derniers républicains espagnols vers l'exil", a affirmé, hier, à Oran, Moreno Pasquale Terregosa, président de la commission Stanbrook de l'Espagne. C'est dans ce cas précis que les descendants des voyageurs du "Stanbrook" qui "ont rêvé de faire ce voyage par devoir de mémoire", étaient à Oran pour un périple qui devra les conduire sur les traces de leurs parents décédés et enterrés à Oran, Relizane et Mostaganem. En partenariat avec Bel Horizon, Santé Sidi-Houari (SDH), la Direction de la culture et la commission Stanbrook créée il y a quelques mois, les initiateurs ont proposé de faire ce voyage mémoriel pour commémorer l'odyssée du bateau anglais. "Au lieu de vous accueillir avec des balles, nous vous accueillons avec des roses", a lancé Rabéa Moussaoui, directrice de la culture. Un moment émouvant empreint de compassion qui fera dire à Moreno Pasquale Terregosa : "Nous compatissons à tout ce que vous avez souffert car nous savons aussi les souffrances endurées par les Algériens sous l'occupation", ajoutant : "Nous remercions pour leur hospitalité, nos frères algériens qui ont partagé les malheurs de leurs frères espagnols persécutés par les forces franquistes." Pour l'histoire, dans la nuit du 28 au 29 mars sortait du port d'Alicante le "Stanbrook", bateau charbonnier anglais sous le commandement du capitaine Archibald Dickinson, avec à son bord 3 000 hommes, femmes et enfants qui avaient réussi à s'embarquer pour fuir les affres des troupes franquistes qui entouraient déjà le port espagnol. Après leur périlleuse fuite, les réfugiés s'exposèrent à un traitement inhumain de la part des autorités coloniales françaises. Ce sont les Algériens qui ramenaient de la nourriture et des médicaments aux enfants et aux femmes qui sont restés à bord du "Stanbrook". Sur leurs petites barques, les marins pêcheurs effectuaient un va-et-vient incessant vers le bateau anglais mis en quarantaine. Les hommes restèrent internés jusqu'en 1942, date où ils furent libérés par les alliés lors de leur débarquement en Afrique du Nord. K. R-I. Nom Adresse email