L'envoyé de l'ONU à Baghdad, Nickolay Mladenov, a prévenu hier que si la classe politique irakienne ne parvenait pas à former un nouveau gouvernement, le pays risquerait de s'enfoncer plus profondément dans le «chaos». Le fossé se creuse chaque jour un peu plus entre Baghdad et Erbil. Le divorce entre les deux parties paraît des plus probables d'autant que de nombreuses puissances soutiennent discrètement l'indépendance de la région autonome du Kurdistan. C'est d'ailleurs aujourd'hui un secret de polichinelle. Le principal enjeu de la partition annoncée est bien entendu le contrôle des immenses réserves de pétrole qui se trouvent sous les pieds des kurdes. La donne a été parfaitement intégrée par le gouvernement kurde dont les forces ont d'ailleurs mis à profit le chaos qui règne aux portes de Baghdad pour s'emparer, vendredi, de deux importants champs de pétrole près de Kirkouk et consolider leurs positions. La production de ces champs est évaluée à 400 000 barils par jour et devait servir d'abord à faire face à la pénurie de produits raffinés sur le marché intérieur. Pour Nouri Al Maliki, il s'agit là d'un vrai coup dur. Dans l'immédiat, cette offensive surprise aura certainement pour effet de compromettre les tentatives de formation d'un gouvernement d'unité nationale, qui permettrait à la classe politique de présenter un front uni face à l'offensive déclenchée le 9 juin par les éléments de l'Etat islamique (EI). Le Parlement doit se réunir aujourd'hui sur la question. Mais il ne faut pas en attendre grand-chose. La décision d'Erbil de se montrer plus entreprenant sur le terrain militaire marque, à ce propos, très clairement une nouvelle escalade. L'ayatollah Ali Al Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, a bien appelé, vendredi, les politiques irakiens à cesser de se quereller et à se hâter de constituer un nouveau gouvernement. Mais M. Maliki — qui est décrié par tout le monde — refuse de se retirer pour laisser la place à une personnalité plus consensuelle. Bref, l'Irak est encore loin d'être sorti de l'auberge. L'envoyé de l'ONU à Baghdad, Nickolay Mladenov, a même prévenu hier que si la classe politique irakienne ne parvenait pas à former un nouveau gouvernement, le pays risquerait de s'enfoncer plus profondément dans le «chaos». Al Baghdadi, un agent de la CIA et du Mossad Entre-temps, les éléments de l'EI ont avancé un peu plus dans leur conquête du «pays» sunnite. Ils contrôlent désormais de vastes pans de territoire dans l'ouest, le nord et l'est de l'Irak. Ils ont déclenché, jeudi après-midi, une offensive près de Ramadi, où ils étaient déjà présents dans certains quartiers depuis janvier. Les insurgés ont progressé à l'ouest de la ville, mais n'y ont pas encore pénétré. Les djihadistes de l'EI se sont distingués par une grande brutalité lors de leurs offensives. Qualifié de sanguinaire par ses ennemis, Abou Bakr Al Baghdadi, le chef de l'EI, est par contre présenté par l'ancien employé de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), Edward Snowden, comme un agent au service de centrales de renseignements occidentales. Selon l'agence d'information iranienne Farsnews qui rapporte que la CIA, le Mossad et le MI6 «ont collaboré ensemble pour la création de l'ex-EIIL ou l'Etat islamique en Irak et au Levant». Snowden a indiqué, selon la même source, que les services de renseignements des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et d'Israël ont collaboré afin de créer une organisation terroriste capable d'attirer tous les extrémistes du monde vers un seul endroit selon une stratégie baptisée «le nid des frelons». Les documents de la NSA évoqueraient «la mise en place récente d'un vieux plan britannique connu sous le nom ‘‘nid de frelons'' pour protéger l'entité sioniste, et ce, en créant une religion comprenant des slogans islamiques qui rejettent toute autre religion ou confession». Selon les documents de Snowden, «la seule solution pour la protection de l'Etat juif est de créer un ennemi près de ses frontières, mais de le dresser contre les Etats islamiques qui s'opposent à sa présence». D'autres fuites ont révélé également que Abou Bakr Al Baghdadi a suivi une formation militaire intensive durant une année dans un centre d'entraînement du Mossad. Sa formation incluait des séances de maîtrise de l'art du discours et des cours de théologie. Autant dire que c'est le portrait tout craché d'Oussama Ben Laden.