« L'Irak est de fait divisé. Devons-nous rester dans cette situation tragique que vit le pays ? », s'interroge-t-il. « Nous allons organiser un référendum au Kurdistan, nous respecterons et nous serons tenus par la décision de notre peuple. Nous espérons que d'autres agiront de la sorte », ajoute-t-il. Et de préciser à l'endroit de Nour Al Maliki, le Premier ministre irakien, qui l'accuse d'« exploiter les événements en cours pour imposer le fait accompli », que l'organisation de ce scrutin est une « question de mois ». Selon les analystes, la réponse ne pourra être que « oui », surtout si Al-Maliki, dont le parti a remporté les législatives du 30 avril dernier, est réélu à la tête du gouvernement. Rien ne pousse cette région qui est de fait indépendante à rester sous l'autorité de Bagdad. « Il y a un avant et un après juin 2014 », disent les Kurdes. « Lorsque les djihadistes de l'Etat islamique ont réalisé leur percée, l'armée irakienne a reculé, mais pas les Peshmergas. Ces derniers n'ont pas résisté seulement mais ont étendu leur zone de contrôle jusqu'à Kirkouk, une région riche en pétrole et d'où ils ne s'en iront sous aucun prétexte », rappellent-ils, précisant que la région exporte déjà directement du pétrole et espère vendre 400.000 barils par jour d'ici à la fin de l'année, contre 125.000 actuellement. Certains analystes voient déjà les Kurdes de Syrie, d'Iran et de la Turquie suivre l'exemple des Kurdes irakiens. Les Etats-Unis, qui font un diagnostic pas très encourageant de la situation irakienne (armée incapable de repousser l'offensive et de reconquérir le territoire perdu et mpossibilité de former un gouvernement d'union nationale), s'opposent à cette velléité d'indépendance. « Nous continuons de croire que l'Irak est plus fort s'il est uni », a déclaré Josh Earnest, porte-parole de la Maison-Blanche. « C'est la raison pour laquelle les Etats-Unis soutiennent un Irak démocratique, pluraliste et uni. Nous continuons à exhorter toutes les parties à travailler ensemble vers un objectif commun », dit-il. Le général Martin Dempsey, le plus haut gradé américain, se fait plus explicite. Tout en reconnaissant la nécessité d'une « aide étrangère » à Bagdad pour reconquérir les territoires pris, il précise qu'on ne saurait évoquer un éventuel « engagement américain » si le Pentagone n'a pas en face un gouvernement irakien « fiable, impliqué et prêt à doter son pays d'un projet auquel tous les Irakiens sont désireux d'y participer ». Selon la presse américaine, le Pentagone se prépare à une action ciblée et sur le long terme en Irak. A Baghdad, l'émissaire de l'ONU, Nickolay Mladenov, multiplie les mises en garde contre le « risque de sombrer dans un chaos similaire à la Syrie ». Il appelle les dirigeants irakiens à « mettre très très vite de côté (leurs) différends et ambitions personnelles ». « Maintenant, c'est le moment pour vous de chercher un moyen de sauver le pays », leur dit-il. Fait peu anodin : Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, soutient l'indépendance du Kurdistan irakien. « Face à cette montée islamiste, il faut appuyer les aspirations des Kurdes à l'indépendance », dit-il.