Une présence aussi ancienne que la colonisationLa présence de soldats algériens dans l'armée française est antérieure à la guerre de 14-18. L'ordonnance du 7 décembre 1841 crée en Algérie trois bataillons de tirailleurs, au sein desquels sont incorporés les soldats indigènes musulmans. Dans le même temps – et après la création de la Légion étrangère – est créé en 1834 en Algérie un corps de cavaliers indigènes, les spahis, qui passe ensuite à trois régiments (ordonnance de juillet 1845). Les bataillons de tirailleurs algériens sont engagés lors des différentes campagnes du second empire aux côtés des zouaves. A Malakoff, le sergent Ould El Hadj Kaddour, mutilé des deux bras, est le premier tirailleur algérien à être décoré de la Légion d'honneur. Après avoir créé par décret trois régiments de tirailleurs algériens en 1855 et suite à l'expédition mexicaine, Napoléon III décide de les incorporer au sein de la garde impériale en 1863. Quelques-uns recevront des grades d'officiers supérieurs, comme le colonel Mohamed Ben Daoud, premier élève musulman à Saint-Cyr. Avec la guerre franco-prussienne de 1870, la France fait appel à trois régiments de zouaves et trois régiments de tirailleurs, et c'est le premier conflit qui voit combattre ces soldats algériens sur le territoire métropolitain. Ce sont alors plus de 6000 tirailleurs algériens qui montent au front et combattent à Wissembourg, à Froeschwiller-Woerth et à Sedan. Sur les 2200 hommes du 2e régiment de tirailleurs algériens (RTA), seuls 440 survivent. C'est au cours de la bataille de Sébastopol que les tirailleurs algériens prennent le surnom de Turcos (nom des soldats au service de l'empire ottoman qui occupaient l'Algérie avant 1830). A l'heure de la Commune, quelques centaines de Turcos prennent part aux combats, au cœur de Paris insurgé. Le prolongement de la guerre de 1914 entraîne la constitution de nouvelles unités : sept régiments de marche et deux régiments mixtes de zouaves et de tirailleurs algériens sont créés. Fin mai 1918, les Allemands lancent la seconde bataille de la Marne (jusqu'au 6 août 1918)…Les pertes s'élèvent à 28 000 morts pour les Algériens, plus de 10 000 pour les Tunisiens et un peu plus de 12 000 pour les Marocains. Quarante régiments venus d'Afrique du Nord, soit près de 80 000 hommes, sont engagés sur le front français en mai et juin 1940. A l'heure de la victoire, le 8 mai 1945, l'Est algérien est ensanglanté par des massacres qui font plusieurs milliers de morts parmi les Algériens.